L'avenir de l'humanité se joue en Israël

La foi d’Israël pour comprendre le bourbier du Moyen-Orient

« Ce qui nous rapproche, c’est la foi de Jésus. Ce qui nous sépare, c’est la foi en Jésus. »

(Un juif engagé dans le dialogue judéo-chrétien.)

La terrible actualité qui met le Moyen-Orient et la terre d’Israël au centre de l’actualité depuis de nombreuses années, et d’une manière accrue depuis le 7 octobre 2023, n’est pas sans me questionner et m’interpeller quant à l’attitude sans doute inconsciente du Peuple Elu face à ses adversaires et à ses ennemis.

Pour comprendre la situation particulière d’Israël, il faut saisir et relire l’histoire du peuple juif dans son ensemble. On doit sans doute remonter à l’esclavage au pays d’Egypte avec la libération par Moïse, la longue traversée du désert, l’arrivée en Terre Promise, sans oublier l’Exil à Babylone, première déportation, avec un retour au pays et les luttes perpétuelles, les guerres e les conflits récurrents pour survivre dans un environnement belliqueux ou hostile. La domination romaine il y a 20 siècles a été une nouvelle page d’histoire laborieuse. La diaspora avec ses réussites et ses persécutions ont jalonné les siècles. Et la Shoah est venue, une nouvelle fois au XX° siècle, contraindre et étouffer l’avenir du Peuple Elu. La création de l’Etat d’Israël en 1948 ouvre une nouvelle page pour le peuple juif. Or, force est de constater qu’Israël aujourd’hui comme hier, se trouve confronté à un environnement immédiat très hostile. La géopolitique des dernières décennies n’a pas simplifié la situation.

Sans aucune prétention, avec un simple regard de chrétien et de citoyen du monde, j’ai le sentiment que le Peuple élu est en train, une fois de plus, de louper un tournant de l’histoire. Comme croyant du XXI° siècle, je veux bien volontiers essayer de saisir et d’accueillir la vocation singulière du peuple juif, comme ayant été appelé par Dieu à jouer un rôle éminent de « précurseur » au sein de l’humanité. Ce qui implique de renier et de rejeter toute forme d’antisémitisme. Mais l’élection d’Israël est une primauté qui l’engage sur un chemin d’exemplarité, pour donner le « la » et permettre à toutes les nations sous le ciel d’entrer, d’une manière ou d’une autre dans l’Alliance avec Dieu.

Or le traumatisme encore très actuel de l’Holocauste, ravivé par les massacres du 7 octobre perpétrés sur la terre même d’Israël, ont provoqué un « confinement » défensif d’Israël que bon nombre de pays ont approuvé jadis en approuvant la création de l’Etat d’Israël et qui semble aujourd’hui trouver une nouvelle bénédiction politique dans l’argumentation répétitive : « Israël a le droit de se défendre. » Ce droit de défense et de protection a bafoué depuis des décennies le droit international : les résolutions de l’ONU, les droits du peuple palestinien à pouvoir s’organiser en un Etat, et récemment l’attaque d’une représentation diplomatique iranienne au Liban.

Si bien que toute contestation prétendant s’opposer à cette argumentation devenue virale et incontestable, est considérée comme de l’antisémitisme. Ces dernières années, la politique d’Israël s’est radicalisée, avec les dernières élections en Israël qui ont porté au pouvoir un gouvernement d’extrême-droite. Ainsi s’est développée une politique de colonisation qui se cache derrière le droit légitime à vivre en sécurité. Toute perspective et toute revendication de création d’un Etat palestinien devient alors impossible et inadmissible. « Œil pour œil, dent pour dent. » Les effets mémoriels de la Shoah, ravivés par le pogrom du 7 octobre, conduisent, ces derniers mois, l’Etat juif à une politique de la terre brûlée : et les problèmes et accusations visant Benjamin Netanyahou ne peuvent que rendre la situation plus complexe !

A mon sens, il apparait clairement tant que la véritable vocation du peuple juif ne sera pas revisitée, restaurée et mise à jour dans un contexte socio-politique et géographique extrêmement délicat, nous ne verrons ni paix ni stabilité au Proche-Orient. Les oppositions entre les propalestiniens et les pro-israéliens devient stérile et conduit à une impasse qui dure.

La foi d’Israël plonge l’humanité dans ses origines. La foi d’Abraham, père des croyants, est parvenue jusqu’à nous par la vie, les enseignements, les écrits du peuple juif. Chrétiens et musulmans ne peuvent nier, sinon à se mentir, que le peuple Elu a transmis à l’ensemble des croyants monothéistes les racines et les fondations de leur foi. Si j’aime le judaïsme, c’est parce que, historiquement parlant, il m’a engendré à la foi. C’est cette argumentation qui doit nourrir les réflexions pour poser de nouvelles bases d’un règlement des conflits autour de la Cité de la paix, Jérusalem. Le grand-père ne peut décider qui a droit de vie ou de mort parmi ses petits-enfants. Les petits-enfants, quant à eux seraient mal inspirés d’euthanasier leur grand-père car c’est de lui que leur vient encore aujourd’hui leur héritage.

Les souffrances et les morts d’aujourd’hui, quelle que soient leur bannière ou leur religion, provoquent haines et rancœurs jusqu’à la 3^ème génération. Eteindre les haines, les pogroms, les génocides, les bombardements, les attentats terroristes aujourd’hui, c’est commencer à préparer la paix dans 50 ans : il est temps de s’y mettre !