Lettre à M. Benjamin NETANHAYOU
Premier Ministre de l’Etat d’Israël
Monsieur le Premier Ministre,
Je ne sais pas si vous lirez un jour ces quelques lignes mais permettez au simple citoyen européen que je suis de vous partager ce que j’ai dans le cœur au sujet de ce funeste jour du 7 octobre 2023 et des mois qui ont suivi jusqu’à ce jour.
J’ai du mal à imaginer ce que vous avez pu ressentir en apprenant les massacres de centaines de vos compatriotes sur votre propre sol : un cataclysme, une horreur qui se produit chez vous, et qui vous impacte à double titre : dans une solidarité nationale : un israélien qui est assassiné, c’est un drame qui touche tout le peuple, comme chaque attentat en France impacte l’ensemble de la communauté nationale française. Mais aussi en tant que responsable politique, vous avez dû être profondément affecté de n’avoir pas su, de n’avoir pas pu prévenir ou éviter un tel massacre. Votre responsabilité a été engagée et je comprends bien que vous puissiez aujourd’hui agir et tout faire pour que pareille ignominie ne se reproduise plus jamais.
Depuis bientôt 13 mois, la réponse de votre gouvernement est la volonté ferme d’éradiquer les mouvements terroristes qui ont organisé, approuvé ou soutenu le massacre du 7 octobre : en premier lieu, le Hamas qui déteint encore une centaine d’otages israéliens, et dédormais le Hezbollah qui menace depuis longtemps le nord du pays avec des attaques et des bombardements réguliers sur Israël depuis le sud du Liban, semant la terreur et l’incertitude parmi ces habitants.
Israël dans son histoire a connu la précarité et l’incertitude des lendemains : à de multiples reprises au cours des siècles, le peuple juif a erré comme une nation sans terre et la Shoah a provoqué un tel tsunami en 1945 que nombre d’Etats ont approuvé la création de l’Etat d’Israël ou le peuple juif puisse envisager un avenir pour vivre en sécurité. Or depuis plus de 75 ans, force est de constater que la paix et la sécurité d’Israël sont sans cesse fragilisés, entre autres causes, par les tensions et les revendications du peuple palestinien. Ce ne sont pas des immigrés : ils ont vécu depuis des générations sur cette terre du Moyen-Orient et le partage de la Terre est un des enjeux majeurs qui cristallise beaucoup de problèmes. Vous savez, par l’histoire du peuple hébreu, que l’aspiration d’un peuple à s’établir sur une terre pour y vivre et y prospérer est une aspiration légitime et indispensable pour que cet enracinement soit le terreau de la paix et de la prospérité.
Il est vrai que les ennemis d’Israël ont planifiés sa destruction et souhaitent la disparition d’un Etat hébreu sur la terre sainte qui a connu tant d’événements extraordinaires pour les croyants monothéistes ! Aussi bien les juifs que les chrétiens et les musulmans sont attachés à Jérusalem à cause de son histoire et des liens spirituels qui nous unissent tous à la Cité de David, à la ville de la Paix. Pourtant, dans nul autre endroit au monde, le sang n’a jamais coulé abondamment qu’à Jérusalem et dans le pays de nos pères.
Nier à qui que ce soit, que ça soit à Israël ou bien aux palestiniens, le droit de vivre sur cette terre ne peut conduire qu’à des malheurs : que vous le vouliez ou non, cette terre a une vocation universelle et doit être partagée de manière équitable et juste afin que tous les peuples qui ont prospéré sur ce bout de terre du Moyen-Orient puissent y trouver là un pays pour y vivre et y demeurer.
Aujourd’hui, l’élimination des ennemis d’Israël semble devenir l’élimination de tout un peuple : puisque le Hamas et le Hezbollah sont profondément liés à la vie politique et économique de Gaza et du Liban, il paraît utopique et insensé de vouloir les éradiquer sans éliminer tous les peuples qui ont, à tort ou à raison, subi leurs influences et acté leur implantation au cœur des territoires que vous bombardez, dans les villes que vous rasez.
Monsieur le premier Ministre, le sang israélien n’a -t-il pas assez coulé ? Les otages ne seront jamais libérés tant que la paix et la perspective d’une solution pour le peuple palestinien ne sera pas définie. Le sang des femmes et des enfants du Liban, de Gaza ou de Cisjordanie n’a-t-il pas assez été versé ? La logique de terre brûlée n’a jamais fait repousser des champs de fleurs et des jardins bucoliques ! La mort et la haine n’engendrent que la rancœur et la vengeance. Dans tout conflit, à moment donné, il faut qu’un des belligérants accepte de renoncer à la surenchère de la violence. Soyez un Homme d’Etat qui ait aujourd’hui le courage d’un acte prophétique qui engage tout le Proche-Orient dans une autre voie ! L’Histoire attend depuis trop longtemps ces prophètes qui auront l’audace d’inventer de nouveaux chemins pour la paix en Palestine, pour la paix en Israël, pour la paix au Liban, en Syrie et même jusqu’aux confins de l’Iran.
Une paix sans justice prépare la guerre de demain. Une justice sans pardon et sans réconciliation ne peut pas ouvrir des perspectives heureuses dans cette Terre Sainte meurtrie pas trop de souffrances et de morts. L’Histoire vous attend et Dieu ne peut plus se contenter d’une solution qui fasse droit au « Œil pour œil, dent pour dent » sans jamais dévier. C’est aujourd’hui évident : d’autres voies doivent être explorées. L’avenir du monde est en grande partie entre vos mains.