La démocratie a parlé. Le parlement s’est prononcé largement en faveur d’une loi que je juge profondément terrifiante dans ses fondements et plus encore dans les conséquences qui sont déjà actées et celles qui ne manqueront pas de venir au jour, comme dans une logique implacable et automatique.
Beaucoup a déjà été dit et écrit sur ce sujet. L’égalité républicaine comme étendard de revendications légitimes en vient à mettre en péril le bien commun, privatisé et déformé au profit d’intérêts particuliers qui ne donnent pas priorité au Bien du plus faible, l’enfant, au bien du plus évident, dans le bons sens. On a justifié le meilleur de la famille homoparentale sur le dos du pire de la famille hétéro-parentale. On a présenté cette loi légitime car faisant partie du programme du candidat Hollande, sans qu’aucun débat, aucune réflexion préalable, aucun sondage, à ma connaissance, n’ait été fait sur le pourcentage d’électeurs ayant voté pour François Hollande favorables à cette proposition 31.
Le débat a eu lieu, certes, au parlement, dans les média. Je ne suis pas convaincu que les questions des opposants aient été entendues, la sainte homophobie confisquant toute argumentation sensée et honnête. Constat est fait aussi que les choses étaient décidées d'avance.
On a cru régler des problèmes humains qui concernent des personnes, des familles, par un tour de passe-passe juridique. La loi peut-elle instaurer, imposer la fraternité ? On entre dans l’ère d’un adulte-roi qui fait de l’enfant la chose à posséder, à inventer. On a canonisé les revendications sectorielles de lobbies occultes. On a anathémisé la conscience de ceux qui se sont levés, non pour eux-mêmes, mais pour l’avenir d’une société déjà mal en point à cause de la fragilisation de la famille, de l’éducation, de la vie humaine, d’un rêve d’avenir qui s’effondre au fil des tempêtes économiques qui terrassent la prospérité de notre pays.
Ignorer le cri de la conscience de milliers d’hommes et de femmes institue le mépris. Ignorer la nature humaine dans ses aspirations généreuses, dans les combats d’une liberté qui refuse la chosification de l’être humain, c’est s’exposer à une contestation profonde qui peut hélas dégénérer parmi les plus fragiles, les plus révoltés, les plus exaspérés… Ignorer la réalité en instituant des mensonges légaux, au nom d’une égalité qui vise l’uniformité des droits, c’est un totalitarisme insoutenable.
J’ai la foi. La foi en un Dieu d’amour qui m’invite à aimer. Jamais je n’ai ressenti la moindre haine, le moindre rejet envers des personnes homosexuelles. Je respecte leur « différence » et la part de souffrance due à un regard, à des attitudes de rejet dont ils sont victimes. (J’ai connu, dans une moindre mesure, ce rejet pour un autre motif : la couleur de mes cheveux…) Je n’ai jamais ressenti de la rancœur envers ceux qui défendent des idées qui sont contraires à mes principes et à mes convictions. Souvent, c’est l’incompréhension qui m’a gagné. Un questionnement pour essayer d’entrer dans la logique qui est leur. Comment être chrétien et avoir cette haine, cette méchanceté envers un frère, même homosexuel ? Mais comment justifier par l’Evangile la négation des différences par l’égalité ? Comment considérer chrétiennement un enfant comme un droit et faire d’une institution qui garantit une stabilité théorique à la société, un contrat qui régit seulement des désirs particuliers ?
La porte est donc ouverte au subjectivisme, au relativisme – et c’est cela le plus grave - puisque la loi remplace la raison. Je souhaite que la foi puisse éclairer cette raison, celle des hommes de bonne volonté, afin qu’ils trouvent, que je trouve avec eux, non pas de quoi justifier mes convictions, mais de quoi faire face aux chantiers de ce monde avec lucidité et confiance, non pour construire une société à ma mesure, telle que je la rêve, mais construire la civilisation de l’Amour.