Un de mes amis vient gentiment de m’éjecter de ses relations, en m’expliquant mon manque d’écoute, ce qui est possible étant donné le mode de communication qu'il avait choisi pour communiquer avec moi, le SMS, et mon implication scandaleuse dans le débat du « mariage pour tous » où la passion a été et reste vive en moi. En résumé, il me disait : « Un prêtre n’a pas à manifester, encore moins à exprimer des idées politiques », justifiant sa pensée par le célèbre « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu » (Marc 12, 17)
Je veux bien croire et accepter humblement certaines critiques : sans doute n’ai-je pas été à la hauteur de l’écoute que cet ami attendait de moi. Ne voulant pas donner l’impression d’avoir le dernier mot, je ne vais pas répondre à son dernier sms. J’aurais préféré un dialogue direct, face à face… J'espère qu'il lira ces quelques lignes. J’aurai aussi souhaité que ce cher A. comprenne que l’engagement de l’Eglise dans la société, sur des sujets aussi variés que la pauvreté et l’exclusion, le mal-logement, la santé, l’éducation, l’écologie et les questions de société comme le mariage homosexuel ne sont pas une option pour un catholique, fut-il prêtre.
La seule réserve, en tant que prêtre, la ligne rouge que je ne dois pas franchir est bien d’éviter à tout prix d’affirmer ce que l’autre doit penser ! J’essaye d’y être attentif, de ne pas avoir l'air d'imposer mes convictions, mes positions à mes paroissiens, à mes amis et de faire aussi la distinction entre les idées, les convictions, les opinions, et les personnes qui les portent. On peut s’opposer aux idées, sans traiter ou considérer son adversaire de connard ou d’abruti…Ma liberté de parole, ne peut pas, ne doit pas handicaper la liberté de conscience de chacun, qui peut, qui doit se faire une idée personnelle des enjeux profonds d’une question qui concerne l’avenir de la société, de la famille…
Si ma conscience se tait, comment pourrais-je me regarder encore dans la glace le matin, et comment pourrais-je communier, en taisant le cri de mon cœur, le cri de ma foi, le cri de mon humanité, scandalisée, blessée !
Non, mon cher A. tu penses que certaines questions qui font débat ne regardent pas les croyants et ne devrait pas faire l’objet de prises de position de la part des prêtres ou des évêques ? Tu as donné quitus à Mgr Vingt-Trois parce qu’il n’est pas venu manifester ? Mais l’Eglise, de diverses manières, a su s’engager dans le débat. Si même des catholiques ne se sont pas tous sur la même longueur d’onde, que ce soit pour le mariage homosexuel, l’immigration, la justice sociale, la politique familiale ou le respect de la dignité humaine, ils doivent s’efforcer, en CONSCIENCE, avec humilité et charité à rechercher la vérité, ce qui fait grandir l’humain, et non ce qui l’enferme dans le mensonge, l’illusion, la marchandisation, ou l’hédonisme : Le Christ reste ma référence ! Il n'est ni de droite, ni de gauche.