S’il est un sujet qui concerne chacun de nous, c’est bien celui-ci : le pardon. Qui n’a jamais été en froid avec un membre de sa famille ? Qui parmi nous ne vit pas, parfois depuis des années, à côté d’une personne avec qui les relations sont rompues ? Quand ces blessures douloureuses se rappellent à nous, la rancœur ou la colère nous envahissent : parfois, l’indifférence s’est installée.
Quel message la foi chrétienne nous apporte sur le pardon ? Il existe un sacrement, la confession, aujourd’hui largement délaissé, pour signifier ce lien intime entre notre relation à Dieu, et nos relations fraternelles.
Toute la Bible en parle.
Dieu est amour et miséricorde. C’est le message qui est proposé dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament : «Toi, Seigneur, Tu es un Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité. » Psaume 86.15
Son impartialité est annoncée : « Pierre prit alors la parole et dit : "Maintenant, je comprends vraiment que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Tout être humain, quelle que soit sa nationalité, qui le respecte et fait ce qui est juste, lui est agréable » Actes 10.34-35. Et sa miséricorde va loin : Dieu s’engage lui-même : « Car Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. » Jean 3.16
Et la démonstration ultime du don de Dieu nous est proposé : 1Jean 4.9-10 : « L'amour de Dieu a été répandu en nos cœurs, en ce que Dieu a envoyé Son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par Lui. Et cet amour consiste, non pas en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'Il nous a aimés et a envoyé Son Fils comme victime offerte pour nos péchés. » Il est agréable à Dieu de nous faire miséricorde quand nous ne le méritons point : « Quel Dieu est semblable à toi, qui pardonnes l'iniquité, qui oublies les péchés du reste de Ton héritage ? Il ne garde pas Sa colère à toujours, car Il prend plaisir à la miséricorde. » Michée 7.18
Les bienfaits divins ne sont pas destinés aux bons seulement, à quelques uns. La Miséricorde du Seigneur s’adresse à tous les hommes : « Car Il fait lever Son soleil sur les méchants et sur les bons, et Il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n'agissent-ils pas de même ? » Matthieu 5.45-46. Rien n'arrête le Seigneur ! Il veut que nous ayons tout ! C'est dans la Bible : «Lui, qui n'a point épargné Son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-Il pas aussi toutes choses avec lui ? » Romains 8.32
Vivre et grandir par le pardon
Pardonner et demander pardon, c’est chercher la ressemblance avec Dieu. Le péché, le Mal qui abîme en nous cette ressemblance est un éloignement de Dieu parce qu’il coupe en nous l’amour qui fait vivre et qui est la vocation de tout homme. Le travail de Dieu, c’est de pardonner. Lui seul peut nous faire comprendre ce mystère de la miséricorde. Car en effet, comment aimer l’autre qui nous a blessé, humilié, déçu ou piétiné, sans aimer ses trahisons, son péché ?
Le Dieu de la Bible fait toujours la distinction entre le péché et le pécheur. L’Eglise, même si elle a parfois dans l’histoire succombé à l’amalgame, a pour ambition de ne jamais enfermer l’homme pécheur dans son péché. L’œuvre du péché, c’est la mort. L’œuvre de la grâce, c’est l’amour éternel du Père. C’est le seul chemin qui puisse nous sortir de l’ornière de la haine ou de la vengeance. Pardonner, n’est-ce pas croire en l’avenir de l’autre, malgré son présent ?
Dans le sacrement de la réconciliation, l’Eglise a reçu du Christ cette mission de «pardonner les péchés en son nom » (Luc 24, 47). Le Pardon de Dieu, reçu et vécu dans la confession, met l’homme pécheur, non pas en face de son péché, si grand soit-il ! C’est devant l’amour infini du Père que cette réconciliation introduit. Ce sacrement est une source vive de grâce pour découvrir concrètement et visiblement l’amour infini que Dieu veut manifester. Avec un cœur humble, avec ses pauvretés, chacun de nous peut faire l’expérience de l’amour infini du Père. Par le ministère du prêtre, c’est le cœur du Christ qui s’ouvre et qui fait toucher visiblement, concrètement la tendresse de Dieu.
Mais les démarches pénitentielles sont multiples : à commencer par une prière sincère, un pèlerinage, un jeûne ou un acte de charité. Sans oublier la démarche pénitentielle au début de chaque messe. Le pardon est d’actualité. Au cœur de nos vies pétries de suffisance, le chemin d’humilité qui invite au pardon est chemin de vie chrétienne !