L’Evangile pour les nuls

Beaucoup de gens, qui n’ont jamais vraiment lu l’Evangile ou ont gardé du message de Jésus un résumé partiel et caricatural, pensent que pour être chrétien, il fait être un crétin un peu faible, naïf et soumis : « Trop bon, trop c... »

Ce serait faire affront à Dieu et au message chrétien de conserver une telle idée du message d’amour que Jésus a apporté à l’humanité.

Certains pensent que pour être un bon chrétien, quand on te frappe sur la joue droite, il te faut tendre l’autre joue sans broncher ! En gros : laisse-toi écraser, humilier, exploiter, dominer, et tu pourras aller au paradis ! L’exemple de Jésus est révélateur pour éviter la confusion entre l’humilité, valeur évangélique par excellence, et l’humiliation qui s’oppose vertement à l’enseignement de Jésus. Au cours de son procès, Jésus se fait gifler par un soldat : bien loin de tendre l’autre joue, Jésus interpelle son agresseur : « Si j’ai mal parlé, dis ce que j’ai dit de mal, mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jean 18, 23)

D’autres pensent aussi que pour être un bon chrétien, il faut avoir le porte-monnaie toujours à la main, ne jamais refuser de faire la charité et ne jamais manquer l’occasion d’une bonne action pour donner à manger, à boire, pour vêtir ou visiter celui qui est dans le besoin (Matthieu, chapitre 25). C’est trop vite oublier, comme l’enseigne Jésus qu’il n’y a pas de charité véritable sans la vérité. St Paul résume les choses de manière claire et synthétique : « Que celui qui ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus ! » (2 Thessaloniciens 3, 10) Le chrétien ne peut être qu’un auxiliaire indispensable dans le désir de réaliser une œuvre de Dieu : « Aide-toi, le ciel t’aidera ! »

Il en est même qui croient que le pardon systématique, automatique serait la marque de fabrique de vrai chrétien. C’est un peu vrai, même carrément, à condition de bien comprendre ce que Jésus veut dire en demandant à ses disciples de pardonner soixante-dix fois sept fois ! ( Matthieu 18, 21-23) Le pardon sans conversion du pécheur, sans réparation, n’a pas sa place dans la foi. Demander pardon suppose une prise de conscience d’une offense, d’un mal, d’un péché, et une volonté, une « ferme résolution » pour ne plus agir ainsi, pour ne pas répéter ce qui pousse à demander le pardon de Dieu, le pardon d’une personne à qui j’ai fait du tort.  Hors de cette démarche, le pardon n’est qu’un leurre qui peut amadouer, tromper celui qui a été piétiné, impacté, mais qui n’a rien à voir avec une démarche authentiquement évangélique.

L’évangile pour les nuls, l’évangile pour tous, ce n’est pas un message pour les gens parfaits, les « ultra-cathos », les hyper-motivés, les saints et tous ceux qui peuvent déjà prétendre à une exemplarité de leur vie. C’est une lettre d’amour que Dieu nous envoie, un message proposé à notre intelligence à notre cœur, qui développe des enseignements et des orientations de bon sens qui veulent servir notre croissance humaine intégrale. Ce message a l’ambition de nous conduire vers une libre exigence et une conscience éclairée pour favoriser l’épanouissement durable de l’homme dans sa vie en société, dans son environnement et sous le regard bienveillant de Dieu.

Bien des idées reçues ont la vie dure. Pourtant, l’Evangile a encore de l’avenir. C’est comme au rugby : tu fais l’essai, tu es transformé ! Chiche ?