Cette semaine, dans ma paroisse, deux paroissiennes bénévoles m’ont informé de leur retrait des équipes d’accompagnement des familles en deuil pour animer les célébrations d’obsèques religieuses. Dans nos paroisses, de nombreux chrétiens dévoués et investis dans cette mission assurent avec les prêtres la préparation et l’animation des funérailles catholiques. Le seul problème : c’est que beaucoup de ces bénévoles ont souvent un âge supérieur aux défunts qu’ils accompagnent chaque semaine. Il est clair que d’ici peu, malgré le dévouement exemplaire de ces chrétiens engagés, les funérailles religieuses ne pourront plus être programmées et assumées dans nombre d’églises, faute de personnes habilitées à assurer ce service paroissial. En effet, cette mission exige un minimum de formation, un charisme d’écoute et d’empathie, une foi solide dans des circonstances parfois dramatique, et une approche anthropologique et liturgique de la mort qui rende possible et fécond cet engagement.
Les lecteurs de ces lignes les plus avancés en âge ont tout intérêt à faire lire ces lignes à leurs enfants ou petits-enfants, parce qu’ils risquent d’ici peu, de ne pas comprendre l’incapacité de l’Eglise à répondre à leur demande pour l’enterrement de leurs grands-parents. Diront-ils : « Tant pis ! On portera un plus gros bouquet au cimetière ! » Ou bien : « Les obsèques à l’église qui auraient fait plaisir à mamie, on va finalement s’en passer vu qu’elle n’avait pas vraiment parlé de passer à l’église… »
Depuis longtemps déjà, il y a des statistiques qui s’effondrent dans la vie de nos paroisses : baptêmes des petits enfants et catéchisme ; mariages, communions et confirmations des jeunes : mais pourtant, nos paroisses restent « vivantes » si on s’en tient au seul chiffre de célébrations de sépultures ! Les cérémonies non-religieuses se développent : « Après tout, c’est presque pareil : pour un rappel émouvant de la vie du défunt, on n’a pas besoin du Bon Dieu ! » Ecouter l’Ave Maria à l’église ou une chanson poignante au cimetière, sans parler du tube « Allumer le feu » de Johnny Hallyday au crématorium, un texte d’évangile ou un poème émouvant : c’est kifkif… Donc, s’il en est ainsi, je ne devrais pas me préoccuper de cette situation ! Notons aussi que beaucoup de familles ont tendance à penser que tout est possible dans une église et qu’on peut exiger n’importe quelle fantaisie pour une célébration religieuse…
Reste que la mort d’un proche est souvent l’occasion de se poser la question fondamentale du sens de notre vie sur terre : et si tout cela n’a guère d’importance, alors mangeons et buvons, même si demain, c’est inéluctable, nous mourrons tous ! Aujourd‘hui plus que jamais, être croyant suppose que nous vérifions la solidité de notre espérance en la résurrection et que nous soyons capables de « rendre compte de cette espérance » auprès de ceux qui sont anéantis par la déchirante disparition d’un ami, d’un parent. Il en va de la cohérence entre nos convictions et nos priorités de vie.