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 Le presbytère virtuel d'un prêtre

Site d'un prêtre catholique engagé au cœur du monde... Voici mon presbytère virtuel, sans porte ni sonnette. Entrez, et venez voir ! Vous voulez voir à quoi ça ressemble un cyber curé ? Venez donc faire un tour chez moi ! La vie c'est trop important pour ne pas la réussir ! .... . . C'est aussi mon objectif ... Pas vous ?

Crémation : attention !

Publié le 17 Octobre 2016 par Père Claude Cugnasse in Textes de réflexion, incinération, crémation, enterrement, mort, deuil

“Une famille amie m’a demandé de les accompagner au crématorium d’Albi où un grand-père allait être incinéré. J’ai cru devoir accepter étant donné mes liens personnels avec cette famille qui avait mal vécu le temps de crémation pour un décès précédent. J’ai trouvé au crématorium un personnel discret et disponible. Le temps de célébration -lecture d’évangile, prière, bénédiction,- en a été facilité. La famille avait préparé pour le temps de crémation qui a suivi, un diaporama. Il a permis aux proches de retrouver le grand-père à toutes les étapes de sa vie, de susciter un partage de souvenirs familiaux : une bonne initiative, me semble-t-il.

 

J’écris pourtant : « Attention », et cela pour quatre motifs.

 

- Souvenir ? J’ai trouvé dans un courrier l’expérience suivante : « L’un de mes grands-parents a été incinéré. C’est clair que son souvenir s’efface sans qu’on puisse se raccrocher à quelque chose aujourd’hui. Il a fini par ne plus laisser aucune trace et on n’en parle déjà plus, alors que la mémoire de mon autre grand-père, enterré, est bien vivante et dignement évoquée dans la famille. » On a besoin d’un lieu de mémoire. N’est-ce pas d’ailleurs pour fixer le souvenir qu’a existé la pratique -aujourd’hui interdite- de conserver l’urne funéraire à la maison ?

 

- Prix. On prétend que l’incinération serait moins onéreuse. Il faut pourtant tenir compte de tous les éléments. Le prix de l’incinération proprement dite est de 600 € environ, mais il y a d’autres frais : cercueil, frais de transport plus ou moins élevés selon les distances, frais au cimetière (columbarium ou placement dans un caveau de famille)... Trois sociétés de pompes funèbres m’ont affirmé que l’inhumation pouvait être moins onéreuse. Au milieu des bouleversements d’un deuil, on n’a guère le goût de demander des devis comparatifs. Mais comment y voir clair sans cette prudence ?

- Hâte. Croyants ou non, on peut répugner à jeter "au feu" un corps que l’on a si souvent embrassé, une mère, un enfant. Il y a dans la crémation, une brutalité, une rapidité qui ne laisse pas le temps normal pour faire le deuil. Je ne peux juger des sentiments de ceux qui choisissent cette option, mais n’est-ce pas une manière d’occulter au plus vite la mort, ce tabou du monde actuel ?

 

- Préférence. Jésus-Christ a été mis au tombeau, selon la pratique des Juifs. L’évangile nous parle du grain de blé tombé en terre qui germera. Cet exemple du Christ explique historiquement que la mise en terre ait progressé en Occident, au cours des siècles, avec l’évangélisation, alors que la crémation était une pratique païenne fréquente dans l’Antiquité. Par ailleurs, longtemps la crémation fut choisie pour contester la résurrection. Ce n’est plus guère le cas aujourd’hui et l’Église catholique accepte en conséquence de célébrer des obsèques religieuses avant crémation. Reste une préférence pour l’inhumation pour les motifs que j’ai essayé de résumer. On sait enfin que juifs et musulmans excluent toute crémation. À chacun de choisir en conscience.”

 

P. Claude Cugnasse 

 

article paru dans Le Tarn Libre du 20 janvier 2012

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M
Merci pour votre article : le sujet est rarement abordé sous cet angle.<br /> Pourtant, oui, attention : la crémation a été pour moi très violente chaque fois que j'y ai été confrontée. Même si la cérémonie a été bien préparée, la brutalité de la "mise au four" - désolée, mais c'est ce que j'ai ressenti! - et la restitution rapide d'une poignée de cendres après 1h30 à 850 degrés, c'était très difficile. Certes, le moment où on abandonne le cercueil à la terre est douloureux aussi, mais c'est moins brutal que la destruction par le feu, probablement parce que nous sommes imprégnés de cette notion de cycle de vie du "grain de blé tombé en terre qui germera"...<br /> Quoiqu'il en soit, je suis soulagée que mes plus proches n'aient pas fait le choix de la crémation.<br /> <br /> Par ailleurs, la crémation est aussi d'une pratique très polluante - eh oui! - : fortes émissions de CO2 et émanations toxiques (mercure, dioxines, etc).
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I
<br /> Bonsoir,<br /> <br /> <br /> Ma mère est décédée le 11 sept 2010 des suite d'une longue maladie.<br /> <br /> <br /> Elle a reçu le sacrement des malades et nous a quitté le jour même en toute sérénité. Ce qui nous a permis à nous vivants d'accompagner également ce départ dans la sérénité et la foi interpellée<br /> !<br /> <br /> <br /> Après la célébration, son corps est parti et nous l'avons retrouvé le lendemain pour une crémation selon ses souhaits. L'urne funéraire repose dans un petit caveau, ce qui constitue un lieu de<br /> recueillement.<br /> <br /> <br /> Il est vrai que la crémation peut être un moment particulièrement pénible et douloureux. Ce temps nécessite une disposition d'esprit dont nous ne sommes pas forcément tous animés. Notre mère le<br /> souhaitait, nous l'avons fait. Notre père a vu comment nous avons tous les trois "géré" cet évènement et très sereinement il nous a demandé de faire la même chose pour lui. Pour ma part, ma foi<br /> m'a permis de tenir debout, d'exprimer des réflexions lors de la célébration, d'être actrice, et mon deuil s'est fait en sérénité...mais vous avez raison de rappeler que la plus grande prudence<br /> s'impose avec la crémation.<br /> <br /> <br />  <br />
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C
<br /> A sa demande, nous avons incinéré ma tante. Cette formule ne me plaisais pas vraiment, mais la cérémonie a été très belle. Le membre de l'équipe funéraille locale, très à l'écoute, nous a<br /> laissé beaucoup d'initiatives. Je ne me sens pas moins proche de ma tante aujourd'hui que de ma grand-mère dont le décès m'avait bouleversée et qui est enterrée. J'ai le sentiment qu'elle<br /> m'accompagne, avec une certaine sérénité. Un lieu terrestre pour se recueillir, ne me manque pas aujourd'hui, mais peut-être est-ce aussi lié au fait que la tombe familiale est un peu loin et que<br /> je n'y vais jamais.<br /> <br /> <br /> Ma grand-mère qui avait perdu son fils et dont on n'a jamais pu rendre le corps pour des raisons de faits de guerre,  s'est elle toujours recueillie sur "sa" tombe pourtant. Je crois qu'il y<br /> a là, des symboles dont chacun est porteur et qu'il est difficile de "condamner" une pratique ou une autre. On ne peut être qu'accompagnant au travers des épreuves.<br />
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L
<br /> J'avais envisagé de me faire incinérée, mais mon époux lui ne voulait pas de cela pour lui.<br /> <br /> <br /> Donc nous louerons un caveau et tous les deux nous nous retrouverons. Mais je comptais bien mettre l'urne juste sur le cercueil de mon époux... Donc enterrée quand même!<br /> <br /> <br /> Les enfants n'étaient pas chauds non plus pour cette crémation. A la maison on n'en parle plus.<br />
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J
<br /> Je suis aussi opposé à la crémation pour les raisons clairement exprimées ci-dessus. La crémation est particulièrement inhumaine et surtout nous éloigne de fait de notre foi chrétienne en la<br /> Résurrection.<br />
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