Pour la semaine sainte, c’est bien connu des anciens : la tradition veut que les cloches partent à Rome : elles se taisent du jeudi soir jusqu’à la célébration nocturne de la vigile pascale : un répit de quelques heures pour les riverains qui trouvent ces sonneries insupportables… Cette naïve tradition nous rappelle que lorsque les cloches sonnent, c’est pour rythmer les événements de la communauté : joyeux carillons des événements heureux ; glas des sépultures, volée des grandes fêtes chrétiennes. Les cloches égrainent aussi les heures qui passent et nous rappellent aussi que Dieu seul est le maître du temps et de l’éternité ! Et le tocsin peut aussi être activé à la demande des municipalités !
En visite dans la commune de St Julien-Gaulène (près de Valence d’Albigeois), j’ai récemment appris que la municipalité avait l’ambition de restaurer le magnifique carillon de l’église St Nicolas : le beffroi est fragilisé, les, abat-sons sont vétustes et quelques cloches supplémentaires pourraient enrichir ce carillon déjà équipé de 20 cloches !
Dans nos paysages français, les clochers de nos églises sont souvent des points de repères et ont donné de belles expressions : « garder l’église au milieu du village » (sauvegarder ou respecter les traditions). Tous ces bâtiments ont été édifiés pour rendre un culte à Dieu : mais il y en aurait plus de 5000 églises qui tombent en ruine dans notre pays. Des associations, des communes se mobilisent pour la préservation du patrimoine, d’autres personnes sont désireuses de faire vivre ces églises : les ouvrir, les nettoyer, les embellir… Il s’agit avant tout de comprendre que si l’Eglise est affectataire, ce sont les croyants rassemblés qui ont le pouvoir de les occuper et de leur redonner vie !
D’ailleurs, il est évident qu’il ne suffit pas de garder en bon état les églises de nos villes et de nos villages si elles n’ont plus d’utilité : ce patrimoine historique doit aussi retrouver sa vocation originelle : les cabines téléphoniques ont quasiment toutes disparu avec l’évènement des téléphones portables. Nos églises, elles aussi, disparaitront tôt ou tard si leur destination première n’est pas retrouvée : célébrer les mystères chrétiens et manifester avec nos clochers, tel des doigts pointés vers le ciel, notre destinée commune qui nous arrache à une horizontalité bien monotone !
Les cloches sonnent encore dans notre belle France : la joie pascale n’est pas feinte ! Dans les églises du monde entier, des milliers d’adultes vont être baptisés dans la nuit du 8 au 9 avril. Le Christ ressuscité est vivant aujourd’hui ! Il nous ouvre un avenir ! Mais pour accueillir et vivre de cette joie, je crois qu’il faut être un peu sonné !