Voici quelques mois, un homme d'une quarantaine d'année s'est présenté à moi comme « pratiquant non croyant ». Il me disait « avoir besoin de lire et d’écouter les textes bibliques et les commentaires en venant à l’église, sans pour autant croire en Dieu. »
Parmi nous, dans nos familles, nombreux sont ceux qui se disent croyants non pratiquants : ils se reconnaissent dans le message chrétien, les valeurs de notre foi sans pour autant mettre les pieds - et le cœur - à l’église le dimanche.
A l’époque d’un individualisme exacerbé, chacun est en mesure de se forger une religion à sa mesure et selon des critères très personnels : sur le fond du message : en prenant ce qui lui convient ; sur la forme : en adoptant une pratique religieuse et des dévotions à sa mesure.
Les croyants non-pratiquants sont pourtant plus pratiquants qu’ils ne l’imaginent : ils mettent en pratique les valeurs de l’Evangile : le respect et l’amour du prochain, le pardon, la solidarité avec les plus démunis… C’est tout à fait respectable et presque admirable dans notre société. Les croyants non-pratiquants sont néanmoins beaucoup moins croyants qu’ils ne le supposent. Ils ne mettent pas en Dieu leur confiance, ne croient pas que Jésus vient à notre rencontre dans l’Eucharistie et ne connaissent sans doute pas l’action de l’Esprit-Saint dans leur vie.
Un croyant non pratiquant est sûrement comme un nudiste en maillot de bain. Il désire le bronzage de la foi, sans aller au bout d’une cohérence évangélique. Il n’est pas convaincu que c’est la grâce de Dieu qui lui permet d’accomplir durablement et véritablement le Bien, et de discerner et d’éviter le Mal. Il compte avant tout sur sa bonne volonté, sa persévérance et ses qualités personnelles. Les persécutions, les contrariétés, les épreuves de la vie et l’ingratitude de notre monde ont vite fait de décevoir, de tordre le coup aux bonnes volontés, aux engagements bénévoles ou aux principes chrétiens, dès lors qu’ils viennent bousculer notre bien-être personnel. Seule la grâce de Dieu suscite les saints, les témoins, les martyrs qui vont au bout de l’amour. Seuls ceux qui osent mettre leur espérance en Dieu deviennent champions de l’amour.
Xavier CORMARY, votre curé