Au fil des rencontres, je m’aperçois que les chrétiens de souche sont nombreux autour de moi : ils ont été baptisés et certains ont fait leur communion. Quelques uns ont été « enfant de chœur » quand ils étaient jeunes, certains ont fait du scoutisme… Les uns me disent même qu’ils n’ont aucune peine à entrer dans une église ou à s’y recueillir en allumant une bougie. Les autres ont gardé des « valeurs chrétiennes » qui guident leur choix, enfin, en partie… Oui mais voilà … Problème : le Christ est devenu un étranger, un inconnu. S’ils leur reste quelques bribes de catéchisme, quelques souvenirs de leur éducation religieuse, ils ont depuis longtemps rangé leur religion dans la catégorie « culture générale » qui les aide à penser qu’ils ont « le droit de se marier ou d’être enterré en passant à l’église. »
Ils se reconnaissent facilement dans une tradition judéo-chrétienne, mais ont fait une croix sur Jésus-Christ. Ils ont une relation utilitaire à la religion. En disant cela, loin de moi l’idée de porter un jugement : juste le besoin de faire un constat. La foi chrétienne est relation : relation au Christ mort et ressuscité : il s’agit de découvrir Jésus est vivant aujourd’hui, qu’il marche à nos côtés et qui veut inspirer nos paroles et nos actes. Relation aux autres en mettant en pratique le message de l’Evangile afin qu’il transforme nos vies et transforme le monde.
Porter la croix du Christ ne signifie pas faire une croix sur Lui : être chrétien sans le Christ est une illusion ou une impasse : une religion sans foi devient vite intolérante. Comment pourrait-on être skieur sans ses skis ou champion de natation sans bassin ! La vie chrétienne est justement très souvent une invitation à nager à contre-courant parce que la facilité et la superficialité conduisent souvent à la médiocrité et à l’oubli de la dignité des plus petits, des plus faibles. Pour résister, il nous faut redonner au Christ toute sa place dans nos vies. Sans tabou, sans honte. Et la semaine sainte est une occasion en or pour cela !