Au lendemain d’élections qui ont révélé de profondes fractures dans notre pays, si la campagne électorale présidentielle laisse désormais place au scrutin législatif dans quelques semaines, après de nombreux appels à voter pour l’un ou l’autre des candidats, l’Eglise catholique, à travers la voix des évêques, n’a sagement pas lancé un tel appel contrairement des associations musulmanes ou juives. L’Eglise a donné des éléments pour que chacun puisse se prononcer en CONSCIENCE. La liberté de conscience est un acquis du concile Vatican II. L’homme découvre en lui « une loi à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix le presse d’aimer et d’accomplir le bien, d’éviter le mal. La conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu… par fidélité à la conscience, les chrétiens doivent chercher la vérité. » (Constitution Gaudium et spes §16)
Je trouve heureux que l’Eglise prenne au sérieux la dignité et la responsabilité individuelle, et ne considère pas les électeurs comme des moutons, incapables de discernement. La liberté de conscience conduit hélas bien des chrétiens aveuglés à soutenir des causes qui sont moralement injustifiables. En effet, « Il arrive que la conscience s’égare lorsque l’homme se soucie peu de rechercher le vrai et le bien, dans l’habitude du péché. » (Ibid)
Sans compromission, l’Eglise, à temps et contre-temps, parfois à contre courant, rappelle ce qui est au cœur du message évangélique. Toute personne, de la plus fragile à la plus forte, riche ou pauvre, toute vie humaine est respectable, et aucune raison ne peut justifier qu’on considère cette vie comme indigne ou inutile parce que non désirée, non acceptée. Aucun être humain, immigré, réfugié, saint ou voyou, n’est exclu de la fraternité universelle annoncée par Jésus-Christ. Cette constante évangélique est non-négociable, que ça nous plaise ou non !