Pourquoi le célibat sacerdotal est-il régulièrement remis en cause ? Serait-il un usage d’une autre époque, assimilable à une violence contre-nature ? La récente défection d’un prêtre lyonnais médiatique a remis sur la table cette question du célibat sacerdotal.
A défaut de pouvoir défendre et expliquer mon célibat, devrais-je, pour me faire entendre, me faire exploser en pleine rue, troquant la ceinture de la chasteté contre une ceinture d’explosifs ?
L’Islam propose le Djihad comme un chemin vers l’absolu. Le Djihad est cette résistance, cet effort exigeant pour se tourner vers Dieu. Certains interprètent ce combat, non contre soi-même, contre son propre péché mais contre les autres, contre l'Homme, l'amour et la fraternité entre les Hommes, contre celui considéré comme "kouffar" (celui qui cache la vérité) ...
Le célibat sacerdotal est-il plus contre-nature que le fanatisme kamikaze qui rêve d’accéder au paradis ? Je suis un djihadiste de Jésus. Ma seule violence, je l’accepte pour moi-même en choisissant de vivre pour le Christ, avec le Christ, comme le Christ, dans un état de vie qui dérange les autres silencieusement, bien plus qu’une bombe ! Car le célibat est une bombe : une bombe d’amour jeté dans l’arène des mécréants qui n’y comprennent rien. Et cela est normal ! Le fanatique commet un acte de désespoir qui sème la mort. Mon célibat est un acte d’espérance qui entend donner la vie. Face à l’indifférence au Salut que Dieu propose, nul ne peut comprendre mon célibat sinon comme une amputation. Pourtant, c’est bel et bien une greffe. J’ai choisi, avec mes pauvretés, mes faiblesses, avec ma chair fragile, de greffer ma vie sur celle du Christ afin que la vie de Dieu germe au cœur de cette humanité, au cœur de cette Eglise dans laquelle je suis devenu serviteur.
L'homme ne veut plus ressembler à Dieu. Il fait tout pour défigurer cette image. Prêt à tout pour arracher tout chemin d’absolu de son cœur, afin de nier son origine.
Le Djihad fanatique qui se révèle dans ces jeunes en quête d’absolu est un cri de contestation. Le célibat sacerdotal dans une société porno-dépendante, érotisée, sexualisée à outrance est un cri de contestation.
On peut m’empêcher de porter une croix, de proclamer ma foi. On ne pourra jamais m’enlever ma capacité à choisir, à re-choisir sans cesse de dire ma foi par mon célibat. Je donne mon corps au Corps de Jésus.
Mon corps, ma vie entière est consacrée à la Consécration de son Corps. Totalement livré, non à une idéologie mais à sa Personne, je laisse Jésus disposer de mon corps. Je m’unis amoureusement et physiquement à Lui, et à aucune autre personne. Je veux accueillir de Jésus lui-même ce don : il a livré sa vue pour nous : pourrai-je en faire moins pour Lui ?
Je renonce à fonder une famille selon la chair, afin de livrer toute ma vie, mon cœur, mon corps à son unique famille : son Eglise. Certains diront que je suis un fanatique… Peut être un fanatique de l’amour : il ne fait de mal à personne ce fanatisme là !
Mon célibat est un cri de révolte contre ce monde sans Dieu. C’est une préférence d’amour, un cadeau divin, un signe prophétique, une anticipation du paradis, un vrai don de moi-même pour ce monde loin de Dieu.
Pour arme, je n’ai que mon corps.
Pour consignes, le commandement d’amour de Jésus.
Pour explosifs, je n’ai que la foi, l’espérance et l’amour.
Pour que Dieu continue de vivre en ce monde qui le renie, je lui donne et lui consacre :
- Mes mains pour bénir, sanctifier, et consoler.
- Mes pieds pour parcourir les routes du monde.
- Mes bras pour étreindre les pauvres, les oubliés.
- Mes oreilles pour écouter les cris et les confidences de mes frères en humanité.
- Mes lèvres pour proclamer la vérité et annoncer le Royaume.
- Mes yeux pour contempler les merveilles de son amour.
- Mon visage pour laisser humblement transparaitre le sien.
Je lui donne tout mon corps pour que ma vie, ressemble un peu à la sienne. Je ne suis pas à la hauteur de cet idéal. J'en ai bien humblement conscience. Mais je veux faire de mon mieux pour avancer dans cet idéal là !
Si je n’étais pas prêtre, je serai djihadiste. En fait, je le suis sans doute déjà : car mon célibat, c’est mon Djihad. Et à tout prendre, je choisis d’annoncer un Dieu qui s’impose par l’amour, et non par la violence ou la haine.
En partie inspiré par une méditation du Père Daniel Ange