Ma mission de prêtre m'amène à une certaine discrétion sur mes propres convictions. Pourtant, je suis un citoyen et un électeur, avec mes idées et mes orientations. Mais je suis bien conscient que mon ministère, et en particulier dans mes prises de paroles publiques, doit manifester une réserve pour ne pas diviser une communauté. Ceci étant, je suis bien sûr convaincu que tout catholique, même prêtre, doit d'abord écouter et être ouvert au débat contradictoire, même sur des questions qui touchent à des domaines importants comme la solidarité, les questions sociales, les enjeux internationaux, le respect de la vie et la conception de la famille ou les défis écologiques. A la lumière de l'Evangile, chaque croyant doit alors faire preuve d'un discernement pour donner sa voix au candidat qui apporte des réponses les plus cohérentes possibles avec les valeurs que défend l'Evangile.
Une question aujourd'hui préoccupe nombre de politiciens : la laïcité et l'expression religieuse dans la société. Certains voudraient réduire la religion à la sphère privée.
La religion a toujours eu une expression publique, car elle est communautaire. La culture pourrait-elle être une affaire privée ? Même si tous les français ne vont pas visiter le Louvre, même si tous les français ne sont pas catholiques, il est impossible de réduire la culture ou la religion à une démarche qui relèverait du domaine privé comme un loisir ou un choix assumé individuellement ou en famille. Par ailleurs, on reproche parfois à l’Eglise d’exprimer des opinions sur des sujets de société. L’Evangile est une force, un moteur de transformation du monde. Ceux qui n’adhère pas ne peuvent pas comprendre, mais il est du devoir du chrétien, au nom de sa foi, de s’engager pour un monde meilleur, non pour imposer ses points de vue comme certains croyants pourraient parfois le laisser penser, mais parce que nous croyons que l’Evangile est un chemin de croissance humaine non seulement pour les personnes, mais aussi pour les sociétés, pour un «mieux vivre ensemble».
Personnellement, je suis rassasié des discours politiciens cousus de promesses qui n’engagent que ceux qui écoutent. On entend ça à longueur de campagne électorale, comme si une action politique était toute bonne ou toute mauvaise. Le sens du service, le sens du bien commun sont pour moi des éléments fondamentaux. Un élu devrait s’engager comme le propose l’apôtre Pierre aux responsables de l’Eglise en « veillant sur le troupeau qui leur est confié, non par contrainte, mais de bon cœur, non par une misérable cupidité, mais par dévouement. » (1 Pierre 5, 2)
Ma foi m'oblige à une attention prioritaire aux petits et aux faibles.Mais qui sont les plus faibles ? Où se trouvent les plus démunis dans notre société ? Un devoir de lucidité s’impose à nous. Et il n’est pas possible pour un chrétien de mettre des intérêts économiques ou politiques, et je dirais même écologiques au dessus de l’intérêt de l’homme. Se développe aujourd'hui C’est l’homme, tout l’homme et Tout homme qui doit être le souci premier avec la priorité des priorités pour les plus faibles. C’est dans ce sens que, personnellement, je voterai pour les prochaines échéances.