La foi chrétienne, qu’on le veuille ou non, amène les disciples du Christ à être des contestataires permanents d’un système qui sacrifie trop souvent l’être humain sur l’autel de l’argent, de la rentabilité, du protectionnisme, ou de la peur de l’autre. Certes, on peut toujours s’adapter, fermer les yeux sur ce qui dérange, se consoler en se disant qu’on « n’a pas tué, on n’a pas volé » et que finalement, on reste un peu chrétiens, même si on est un peu médiocres, mais pas trop… On s’habitue alors à nager dans le sens du courant, en se laissant porter par une société qui propose un bien être individualiste très confortable, une spiritualité athée sur mesure, et un humanisme désincarné. Au risque de s’y noyer… On nage toujours vers la source à contre courant : les détritus et les bois morts nagent avec le courant.
Quand le petit est exclu, le fragile est disqualifié, le pauvre est oublié : le chrétien doit nager à contre-courant.
Quand la vie est menacée, quand l’homme est exploité ou que le sexe a perverti l’amour : le chrétien doit nager à contre-courant.
Quand la famille est menacée, que les relations intergénérationnelles sont évitées, ou que la jeunesse est montrée du doigt : le chrétien doit nager à contre-courant.
Quand la nature est bafouée, la création surexploitée, ou que l’écologie devient inhumaine : le chrétien doit nager à contre-courant.
Quand les richesses sont concentrées, que le travail broie l’Homme, ou que le capital est plus important que l’être humain : le chrétien doit nager à contre-courant.
Quand les frontières deviennent des murs, que les armes remplacent le dialogue, ou que les peurs déferlent sur le monde : le chrétien doit nager à contre-courant.
Quand la corruption devient normale, que la politique devient détestable, ou que le Bien commun n’est plus à l’horizon : le chrétien doit nager à contre-courant.
Quand le fanatisme remplace la foi, quand l’Homme prend la place de Dieu, ou que la religion devient prétexte à exclure ou à massacrer : le chrétien doit nager à contre-courant.
Nager à contre-courant dans une société qui a renié Dieu est un sacré défi ! Chrétiens, nous croyons que Dieu n’a pas oublié l’Homme et qu’il ne l’oubliera pas. Chrétiens, nous savons que la destinée de l’humanité est entre ses mains, et qu’il nous confie d’être ses indignes et maladroits ambassadeurs. Puisse ce carême 2017 nous aider à devenir vraiment des prophètes de la différence, nageant à contre-courant pour aller à la source ! Et remarquez : plus on s’approche de la Source, et moins le courant contraire est fort…