Le mois de mars vient à peine de pointer le bout de son nez, et déjà les arbres frétillent. Les fleurs commencent leur pèlerinage à travers champs et jardins. Les premiers rayons de soleil, réchauffant la terre et l’air, donnent à tous des envies de printemps. Nous sommes entrés simultanément dans le mois de mars et dans le carême cette année. Peut-on être déçu du printemps ? Peut-on regretter les brumes hivernales, les températures négatives de janvier, et les paysages endormis ou figés dans les gelées de la morte saison ?
Il me prend à penser que lorsque la foi germe dans le cœur d’une personne, c’est tout comme un printemps. La mort perpétuelle des jours sans soleil, ne peut-elle pas être une parabole de ces vies sans espérance, sans perspective, sans avenir, si ce n’est celui du cimetière ?
Je n’ai aucun mérite d’avoir la foi. Je ne l’ai pas cherchée, elle est venue à moi toute seule, comme un lever de soleil qui illumine et réchauffe le visage dans un matin de printemps doux et éblouissant. Je pense à ce printemps qui vient systématiquement chaque année après l’hiver. Et je pense à notre société française, anesthésiée par la pensée unique, engourdie dans un matérialisme et un rejet de Dieu qui s’amplifie : comme si Dieu était un ennemi, comme si le printemps n’avait rien de désirable…
Ce n’est souvent pas le printemps que beaucoup redoutent, mais les jardiniers maladroits, et les météorologues orgueilleux et les semeurs de troubles. Dieu n’est souvent pas Celui que l’on rejette, mais ceux qui parlent de Lui, qui portent bien mal son message. L’Eglise et les chrétiens ne sont pas toujours à la hauteur : ils annoncent le printemps en vivant en hiver, ou écrasant parfois fleurs et pousses printanières…
Chrétien, Dieu est ton printemps ! Nous sommes jardiniers. Nous sommes météorologues. Nous sommes les semeurs du monde à venir. Notre mission si noble et si dure à la foi : annoncer le printemps éternel qui réveillera les hommes engourdis par l’hiver froid et humide !