Une des grandes qualités du pape François est sans doute de savoir dire avec des mots simples que le sujet principal de la foi chrétienne est le Dieu-Trinité et que son objet est l’Homme. En effet, très souvent, on oppose les droits de Dieu aux droits de l’Homme, en inventant des prétendues doctrines ou des arguments qui laissent croire que Dieu est un loup pour l’être humain.
Dans les actualités récentes, force est de constater que c’est bien l’Homme qui est un loup pour son prochain, même dans l'Eglise : le plus innocent outragé, le moins rentable licencié, le plus faible éliminé, le plus fragile euthanasié... n’auraient-ils pas tous la même dignité ? On crée ainsi des catégories artificielles de personnes : certaines étant plus égales entre elles que d’autres.
L'Évangile et le message chrétien que porte l’Eglise, si souvent ridiculisés et caricaturés par des rapporteurs qui mettent en avant un argument, une déclaration sortis de leur contexte, ont toujours la prétention de favoriser la réflexion et l’émergence de choix personnels ou collectifs qui fassent droit à la dignité humaine, et qui permettent un plein exercice de la liberté de conscience, dans la mesure ou cette liberté de conscience est véritablement éclairée et guidée par le souci du Bien commun intégral de l’Homme, de tout homme, de tout l’Homme !
Qui peut trouver un seul texte du magistère de l’Eglise (récent, daté d’après 1965, car par le passé, il est évident que les choses n’étaient pas aussi claires) qui ne soit pas au service de l’humanité, appelant à rendre ou à garder la dignité de la personne humaine ?
Aujourd’hui, si tant de personnes sont des adversaires violents de l’Eglise, et rejettent la foi chrétienne, sans doute est-ce parce qu’ils s'arrêtent aux scandales provoqués par certains clercs, qui bafouent leur vocation et trahissent la confiance des petits. Ils n’ont pas perçu dans le témoignage édifiant des autres chrétiens, et dans le discours de l’Eglise que l’essence même de notre foi procède de la primauté du respect de l’être humain, dans sa dimension personnelle, intérieure, sociale, et spirituelle. Je me souviens encore cette remarque de Mgr André Lacrampe, alors évêque d’Ajaccio, qui affirmait lors d’une rencontre en petits groupes à Lourdes en 1999 : « La perte du sens de Dieu dans notre société sera la perte du sens de l’Homme. » Je crains hélas qu’il fut prophète de la réalité qui est à notre porte.
En voulant vivre sans Dieu, à cause des hommes défaillants, censés porter sa voix et son message, les hommes d’aujourd’hui prennent le risque d’un auto-génocide insidieux qui touche d’abord les plus vulnérables : enfants à naître, personnes en fin de vie, et qui interdit à l’Homme de répondre à sa nature humaine. L’être humain devient un concept, une théorie, un matériau.
L'Eglise, non pas parce qu'elle serait à la hauteur de l'idéal qu'elle prêche, mais parce qu'invariablement, elle prend le parti de l'être humain, doit sans cesse se convertir pour plus de fidélité au Christ et à son message. Mais une société qui se déshumanise crée de la violence et court finalement le risque de se perdre.
Que Dieu lui-même écoute le cri des pauvres, de tous les pauvres qui le cherchent sans le savoir, qui le rejettent sans le connaître, ou qui l’adorent sans rester pleinement humains.