En tant que prêtre et que curé de paroisse, je suis inquiet. Inquiet pour l'avenir de nos communautés. Nous percevons des signes d'espérance qui permettent de garder confiance en l'avenir et qui donnent la joie de suivre le Seigneur avec un élan renouvelé au quotidien : des enfants demandent le baptême et conduisent leurs parents à s'interroger. Des adultes prennent la route de l'Evangile et lui donnent une crédibilité dans un monde qui semble ignorer et rejeter la foi chrétienne, comme étant dépassée, déplacée.
Mon inquiétude de pasteur se focallise sur un point précis au milieu de ces signes d'espérance qui font mon bonheur de prêtre. La catéchèse est en pleine effervescence. De nouveaux chemins pour proposer la foi se mettent en place. Dans notre diocèse, le nombre d'enfants catéchisés est en chute libre depuis des années...
Mais plus inquiétant encore est de constater l'absence d'intérêt de la grande majorité des derniers chrétiens pour la proposition de la foi. Proposer la foi, ce n'est pas uniquement faire le catéchisme : le manque flagrant de catéchistes dans les communautés chrétiennes n'est que le symptome plus grave et plus profond d'une indifférence qui a atteint beaucoup de chrétiens : vivre sa foi, dans son coin, sans témoigner de cette espérance, est-ce encore être chrétien ?
Sous couvert de respect d'autrui, dans le malaise que beaucoup ressentent dans leur foi par rapport à la société jusque dans leur propre famille, beaucoup de chrétiens se contentent de vivre leur foi à l'intérieur : ne pas faire de vague, ne pas partager leur espérance pour ne pas l'imposer aux autres, ne pas afficher de signe ostentatoire de peur que la vue d'une croix indispose notre voisin...
Le plus difficile de l'Evangile, n'est-ce pas vivre mon attachement au Christ afin qu'il m'inspire des paroles et des actes qui soient cohérents avec cette foi que je professe ?
Je suis inquiet parce que beaucoup de chrétiens ne prennent l'Evangile que comme un chemin de valeurs qui construisent l'existence personnelle, mais qui n'est plus force de proposition et d'idéal communautaire.
Je suis inquiet, mais pas encore découragé parce que l'Evangile qui anime le coeur des chrétiens, c'est le Christ ! C'est lui qui a les paroles de vie éternelle, pas moi !