C’est clair qu'en restant extérieur au mystère de la foi, on ne peut pas comprendre l'engagement au célibat dans le sacerdoce. Pour ma part, j’essaye de le vivre, et je donne du sens à mon célibat à cause de l'expérience vécue depuis mon ordination. Mais je voudrais témoigner ici de la fécondité immense de ce que je vis, à travers mon célibat.Celui qui n’a pas la foi, aura sans doute du mal à comprendre mes propos.
Je ne crois pas être capable aujourd’hui de vivre mon sacerdoce autrement que dans le célibat ! Bien sûr, c’est chaque jour difficile. Les tentations sont nombreuses. Mon célibat trouve son sens profond dans mon ministère de prêtre. Le célibat est avant tout une discipline ecclésiastique, obligatoire dans l’Eglise latine, facultative dans les églises orientales catholiques. Le célibat n’engage donc pas la foi, même si le récent livre "Des profondeurs de nos cœurs" cosigné par Benoit XVI et le Cardinal Robert Sarah (Ed. Fayard - janvier 2020) propose une lecture théologique du célibat.
Aujourd’hui le seul argument qui me semble tenir la route, pour justifier le célibat du prêtre, mon célibat me semble être spirituel : au cœur de ma vie de prêtre, il y a bien sûr l’annonce de l’Evangile ; les rencontres, les accompagnements nombreux sont autant de liens qui sont essentiels à mon équilibre de vie. Mais c’est dans l’eucharistie que je trouve le sens et la force de vivre mon célibat.
A la messe, le prêtre que je suis est là pour redire les paroles, refaire les gestes de Jésus dans son dernier repas : « Prenez, mangez, ceci est mon Corps livré pour vous ! » C’est ma voix, c’est à travers moi que Jésus vient donner sa vie aux hommes d’aujourd’hui. Jésus passe à travers moi.
Mais lorsque je vis l’eucharistie, c’est aussi moi qui parle, qui dit avec Jésus : « Ceci est mon corps livré. » Parce que je suis célibataire, je sais d’une manière particulière ce que ça veut dire « livrer son corps », non à une seule personne en particulier, mais à toute l’Eglise ! A la manière de Jésus, je me livre aussi aux hommes qui sont là, face à moi, et je le vis d’une manière toute particulière à cause de mon célibat. Les personnes mariées peuvent vivre d’une manière similaire l’eucharistie quand ils se livrent l’un à l’autre totalement, comme Jésus s’est donné tout entier en donnant sa vie sur la croix.
Mon célibat trouve beaucoup de sens dans chaque eucharistie : si je suis célibataire, c’est pour ces gens qui sont devant moi à chaque messe. Mon célibat est pour eux, et pour tous les hommes, et je renouvelle le don de moi-même à chaque fois que Jésus, à travers mes mains, donne sa vie, donne son corps aux hommes.