Il est remis en cause périodiquement, le célibat ! Le mariage n’intéresse plus grand monde… Et on voudrait que les prêtres puissent se marier librement ! Ils doivent croire encore dans le mariage, eux qui le célèbrent !
Pour changer de débat et élever la discussion, il me semble important de rappeler, non pas les raisons du célibat, mais ses conséquences.
Le prêtre que je suis a choisi librement d’être prêtre. Il a choisi aussi ce célibat, comme un don de lui-même offert aux hommes à qui il veut annoncer l’Evangile de tout son cœur, de tout son corps ! Certes, c’est un don difficile, héroïque parfois, mais c’est un don confié à la responsabilité des chrétiens.
Qu’est-ce qui met en péril la fidélité conjugale ?
L’incompréhension, le manque de dialogue, la distance qui s’établit entre époux, l’indifférence.
Qu’est-ce qui met en péril le célibat du prêtre et sa fidélité ?
L’incompréhension, le manque de dialogue, la distance qui s’établit entre lui et son peuple, l’indifférence.
Le célibat qui n’est pas compris par une grande majorité des catholiques le met en péril. Au lieu de recevoir le cadeau de leurs prêtres, les fidèles préfèrent le dénigrer, le dénoncer… Les chrétiens qui vomissent le célibat des prêtres n’ont pas compris qu’ils jettent un cadeau à la poubelle.
Le manque de dialogue sur les questions de sens, de foi étouffe le célibat sacerdotal : sans se laisser étourdir par les sirènes de la société qui survalorise la relation de couple, éphémère si possible, la relation sexuelle comme équilibrante, les chrétiens doivent demander à leur prêtre de leur parler de leur célibat, pour ne pas garder seulement l’amertume des déceptions, mais aussi la joie du don.
La distance qui grandit entre les chrétiens et le prêtre devient un abîme : on appelle le prêtre en urgence, on fait de lui un distributeur automatique de grâces. Les vraies joies du ministère se raréfient, et le prêtre se retrouve seul, bien que souvent, très entouré. Il est seul parce qu’on ne lui demande presque plus d’être prêtre pour donner Dieu dans son pardon, pour accueillir Dieu dans l’Eucharistie… On lui demande de devenir un gourou, mais non plus de se donner pour donner Dieu aux hommes affamés.
Tant d’indifférence tue ! Pour être tout à tous, il faut de l’énergie, la force de l’Esprit. Mais le prêtre heureux, c’est celui qui donne et qui reçoit en retour des témoignages de fécondité : non pour le glorifier et le canoniser sur sa dernière homélie ou son dynamisme, mais pour lui dire et lui redire sans cesse que sa vie offerte au Christ et à l’Eglise porte du fruit dans les cœurs qui reçoivent à travers lui, le Seigneur comme un Vivant. « A travers votre ministère, j’ai rencontré Dieu et il m’a souri… »
La conséquence, elle est logique : le prêtre heureux dans son célibat sera celui à qui on demandera vraiment d’être prêtre, d’être serviteur de l’Evangile pour le salut du monde et pour la gloire de Dieu. Un prêtre se s’use que si on ne s’en sert pas, ou si on s’en sert mal.