PRESIDENT ?
PERSONNE n’ignore que le bénévolat génère rarement les remerciements et la gratitude. Ceux qui néanmoins s’engagent sur cette voie du don de soi gratuit le font en connaissance de cause, en sachant qu’il faut aussi se prémunir des quelques coups de gourdin que l’on ne manquera pas de leur asséner. Comme partout ailleurs, ils savent que lorsqu’on occupe un poste de responsabilité, certaines décisions sont difficiles à prendre et attirent obligatoirement les inimitiés des uns et des autres.
Ils savent que les feux de la rampe imposent d’être un exemple pour tous ; ils font obligatoirement tenter l’approche de la perfection et bien sûr comme il est impossible d’y arriver, les censeurs de tous bords pointeront immanquablement le doigt sur la moindre faille de la cuirasse.
Mendier, avancer avec vigueur et quelquefois à contre-courant en essayant de convaincre du bien-fondé de la démarche, plaider des causes qu’ils croient justes et profitables à leur association et de manière plus générale à la société… de tout cela, ils sont conscients.
Ils acceptent que le moindre échec soit monté en épingle par ceux-là même qui sont dans l’incapacité de réaliser le moindre projet, soit par incompétence soit par peur de se tromper.
Ils doivent s’armer de patience pour laisser le temps accomplir sa mission de révélateur de la nature humaine.
Pour être président d’association doit-on être masochiste ?
Cette question posée, quelle peut-être la motivation d’un homme qui prend en charge la destinée d’un club ? Quel est le but de sa démarche ?
Il m’est impossible de répondre au nom des quelques personnes qui depuis 72 ans ont occupé ce poste à la tête de notre club de football. Pour ce qui me concerne, quelle facilité de balayer ces interrogations.
Je suis le dernier président à avoir connu tous ses prédécesseurs depuis la création du SARC football Club. D’Antonin Conte à Serge Hannotel que j’ai remplacé il y a deux ans. Il serait trop long de parler de tous mais il est toutefois possible de citer quelques figures emblématiques qui ont marqué d’une pierre blanche leur passage dans notre association.
Le docteur Jaurou, héros de la résistance qui, au péril de sa vie soignait en forêt de Grésigne les maquisards malades ou blessés. Ce qui lui valut la déportation.
Louis Schmit dit P’tit Louis. Bel euphémisme vu sa haute et massive silhouette. Brave homme s’il en était, toujours en butte aux provocations complices de messieurs Barrau, Pauziès et Maniago qui avaient pour effet de provoquer chez lui des colères homériques qui mettaient en joie ses facétieux bourreaux.
Georges Engel, dont notre grand tournoi porte le nom tant il a marqué les esprits et les cœurs.
A ce poste délicat, il faut savoir que toutes les couches de la société ont été représentées. Du patron d’entreprise au boucher, du médecin au régisseur agricole, de l’employé au percepteur, du cadre à l’ouvrier, du banquier à l’enseignant, tous ont porté et transmis le flambeau sans que jamais la flamme ne s’éteigne.
Ma motivation est là, au niveau du cœur et des innombrables souvenirs que j’ai emmagasinés en un demi-siècle. De mes premiers pas de footballeur à mon rôle aujourd’hui en passant par l’éducateur et le simple dirigeant que j’ai été au sein de ce club.
Je dois me montrer digne de l’honneur qui m’est accordé d’être président. Je me dois d’être à la hauteur de la tâche qui m’a été confiée. Je dois veiller sur cette flamme que plusieurs générations m’ont transmise.
Mon but est de démontrer qu’être retraité ne signifie pas battre en retraite, se mettre en retrait mais qu’au contraire cette situation doit être source d’intégration plus profonde dans notre société. Certes il est utopique de vouloir faire le bonheur des gens contre leur gré mais si quelques jeunes trouvent dans mon action quelques éléments qui les aideront à se construire, j’ai gagné et ce constat est mon seul salaire.
Vu sous cet angle, tous les déboires dont je parlais au début ne sont rien à côté de ma motivation et de mon but.
Que sont les obstacles que je dois franchir confrontés à la joie que je vois dans les yeux de nos jeunes lorsqu’ils marquent un but, lorsque leur équipe gagne ? Je me réjouis des larmes de nos joueurs quand le défaite est au rendez-vous car comme vous tous, je sais que les plus belles réussites se forgent dans les échecs et que là se niche une part des valeurs du sport.
Les ennuis de la charge sont effacés par le maintien en promotion ligue de l’équipe seniors 1, et de la 2 en promotion de 1° division, par la finale de la coupe du Tarn de nos féminines, par les demi-finales des 15 ans et des 18 ans ces derniers qui évolueront encore en excellence la saison prochaine. Les réticences et les oppositions d’une minorité ne sont rien à côté du remarquable comportement de tous nos jeunes de l’école de football.
Les rancœurs de quelques uns ne sont rien face à la mobilisation d’une majorité pour les matchs décisifs, pour les fêtes qui suivent les victoires.
J’ai pu cette saison encore occulter les aléas de la fonction pour prendre du plaisir à travailler avec quelques dirigeants et quelques joueurs pour faire de notre club house ce qu’il est aujourd’hui.
D’autres combats sont devant nous, d’autres projets sont mis en page. J’ai besoin de la bonne volonté de tous et de chacun, en particulier des élus qui, malheureusement dans leurs dernières décisions n’ont apparemment pas apprécié à leur juste valeur les efforts consentis par les diverses composantes de notre club. J’ai presque le sentiment (j’aimerai me tromper) que notre club n’est pas considéré comme un PARTENAIRE IMPORTANT qui contribue grandement à l’éducation et à la paix sociale dans nos villages.
Dans un contexte difficile, crise de l’immobilier, tissu économique, commercial et industriel faible, il m’est difficile de trouver les capitaux pour que la machine avance. Je demeure toutefois optimiste car difficile n’est pas impossible ! Je remercie tous les sponsors qui régulièrement nous aident à équiper le club et à mettre sur pied des manifestations susceptibles de faire tomber dans nos caisses quelques espèces sonnantes et trébuchantes.
Serait-il possible de terminer sans parler des rouages les plus importants du SARC football Club ? Je veux parler de tous les dirigeants et de tous les éducateurs qui tout au long de l’année sont sur la brèche, donnent de leur temps et de leur savoir sans jamais baisser les bras.
Je remercie chaleureusement toutes ces personnes sans qui je ne serai RIEN.
« Peu importe de débuter par PERSONNE et de terminer sur RIEN. Seule compte la manière dont on aborde la fonction. »