Une églisette sur mesure ?
Ces derniers jours, plusieurs rencontres ou réflexions entendues ou lues me mettent en présence de gens qui se disent et se reconnaissent chrétiens pratiquants. Ces personnes me disent ne pas se reconnaître dans leur communauté : prêtre imparfait ; communauté trop vieille, animation trop molle, accueil trop froid… Leur sensibilité liturgique, spirituelle, musicale ne leur semble pas du tout honorée dans la paroisse où ils résident, alors ils estiment nécessaire à leur salut devoir trouver la communauté qui leur correspond mieux. Ils n’hésitent pas à faire de nombreux kilomètres pour aller à la messe chaque dimanche. Beaucoup éprouvent une grande souffrance à ne pas trouver leur place dans leur communauté chrétienne, et il est de mon devoir de prêtre d’avoir une écoute particulière pour chacun, avec ceux qui sont consommateurs, ceux qui ne font de passer occasionnellement ou ponctuellement, ceux qui sont acteurs, avec les diverses sensibilités qui peuvent s’exprimer, ceux qui sont aussi revendicateurs et qui voudraient « midi à leur porte ». Assurer la conduite pastorale d’un groupe humain aussi divers qu’une paroisse n’est pas chose aisée. Prêtre, je me dois d’accueillir tous ceux qui se présentent, et d’aller au devant de ceux qui ne se présentent pas. Mais je ne peux pas donner satisfaction à toux ceux qui exigeraient telle manière de célébrer, tel rite, tel horaire, ou même tel prêtre qui leur semble « mieux ». Mon souci est d’abord le bien du plus grand nombre, en sachant qu’il y aura toujours des mécontents. J’accepte avec humilité et même gratitude les remarques et les critiques justifiées quand elles sont exprimées.
Par contre, ceux qui par une unique convenance personnelle, papillonnent d’un lieu à l’autre, d’une communauté à l’autre parce qu’ils cherchent une communauté sur mesure risquent un jour ou l’autre d’être très déçu… L’Eglise, on la reçoit, on ne la choisit pas, comme une famille. Je pense souvent au groupe des Douze : ça devait être folklorique entre Matthieu le collecteur collabo et Simon le zélote résistant, sans parler des caractères bien trempés ! L’Eglise est l’Eglise parce qu’elle vient du Seigneur : Je l’accueille et je la change de l’intérieur par la force d’amour que j’y investis… Je ne peux pas partir en claquant la porte en disant : ils sont tous nuls sans essayer de voir avec humilité et objectivité la bonne foi qui anime ceux qui sont là et sans essayer d ‘apporter ma pierre pour que grandisse le Royaume dans ce peuple de pécheurs. Ils sont les préférés de Dieu. C’est sans doute pour cela que toute communauté a ses tordus, ses mal léchés, ses râleurs, et même ses grenouilles de bénitiers ! Ils sont les préférés de Dieu, même si il appelle chacun à grandir en sainteté !
Ah que j’aime mon Eglise, boiteuse, bancale, vieillotte ou décalée… J’aime l’Eglise parce que c’est au cœur de ce peuple de tordus que Dieu révèle sa présence pour le monde !
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