Mesdames, Messieurs les candidats aux élections présidentielles,
Comme il semblerait qu’il n’y ait guère que la magistrature suprême qui vous intéresse, c’est du moins ce que disent les média, je me permets de vous adresser cette supplique en espérant que vous y trouverez matière à réflexion pour organiser votre campagne électorale et surtout pour assumer les responsabilités que le peuple français vous confiera. Les enjeux méritent bien qu'on s'attarde à vous interpeller...
Permettez-moi de vous rappeler d’abord le contexte de l’élection de 2002 et l’arrivée de Jean-Marie au deuxième tour : un ras le bol exprimé par les français pour rejeter un système politique défaillant, des hommes dont le seul intérêt semble être leurs ambitions personnelles, une langue de bois maniée avec dextérité par tous ceux qui se considèrent comme des politiques républicains. D’ailleurs, devant la situation inattendue, un front républicain s’était formé pour refuser l’extrémisme, et s’engager pour un renouveau politique. L’électrochoc n’a hélas pas eu lieu, et j’ai bien peur que les espoirs de 2002 aient été largement déçus. Vous avez sans doute oublié la stupéfaction et l’effroi de 2002, les français, eux, ont de la mémoire !
Aujourd’hui, le peuple français attend autre chose des gens qui aspirent aux plus hautes fonctions de l’Etat. Les paillettes et les banquets républicains, les ors de la République et les effets de manche, les annonces solennelles et les grands discours d’intention électoralistes avec des promesses qui n'engagent que ceux qui les écoutent, ne suffiront pas à convaincre. La politique politicienne qui défait le travail des prédécesseurs ou les discours qui condamnent de manière globale les projets mis en oeuvre par l’adversaire n’ont rien de positif.
L’exemple du renoncement, dans un esprit de service, mais qui ne soit pas une illusion, sera parmi les arguments qui compteront en votre faveur. Renoncer à un salaire mirobolant (vous ne faites pas ça pour l’argent, n’est-ce pas ?) ou à des avantages en nature seront des critères de discernement de votre travail pour la France. Servir l’intérêt commun avant de susciter des réformes qui fassent plaisir aux uns ou aux autres, même si ça doit vous coûter votre place aux élections suivantes, sera la marque que vous laisserez dans l’Histoire comme une empreinte de géant. Savoir aussi utiliser les compétences des hommes, même d’un autre bord politique, permettra de reconnaître en vous un homme (ou une femme) d’Etat, et non le « jouet » d’un parti. L’ardeur et la passion que vous mettrez pour défendre la France et les français, en pensant toujours prioritairement aux plus faibles en leur redonnant la fierté d’être de ce pays, vous honoreront. Vous trouverez de la joie à servir si vous remplissez vraiment vos obligations en tenant compte des valeurs républicaines que sont la «Liberté, l’Egalité, et la Fraternité », non pas comme un étendard qui ne soit qu’un masque de carnaval électoral, mas d’abord l’expression de vos convictions les plus profondes. Les compromissions de tous genres qui donnent à la France, pays des Droits de l’Homme, un pouvoir destructeur sur des pays pauvres, économiquement ou politiquement soumis, devront être abandonnées. Les entreprises françaises perdront sans doute des marchés, mais la France sera encore une fois pionnière pour faire grandir la justice et la paix véritables.
Enfin, Mesdames, Messieurs, lorsque vous aurez accompli votre mission au service de la France et que votre nom sera gravé sur des monuments, des noms de places ou d’avenues, vous vous souviendrez alors avec gratitude que si vous êtes de ces personnes qui ont fait la France, vous n’oublierez jamais que c’est aussi la France qui fait des Hommes lorsque notre pays donne le meilleur de lui-même et montre en éclaireur la route pour tous les hommes qui cherchent à vivre ensemble.
Xavier Cormary, électeur et citoyen français.