La publication d’une note doctrinale intitulée Fiducia supplicans concernant les bénédictions de couples en situation irrégulières fait déjà beaucoup réagir. Les personnes qui réagissent ont-elles pris le temps de lire ICI ce texte de 3 pages avant de donner leur avis ? Il ne s’agit pas de s’exprimer en extrapolant ou en déformant les directives du Vatican en se basant uniquement sur des avis journalistiques qui reflètent peu le texte original. Les médias ont évidemment surtout mis en avant la situation des couples homosexuels. Mais la congrégation pour le Doctrine de la foi exprime un avis qui concerne bien plus largement d’innombrables situations.
Bénir, c’est dire du bien ! Donner une bénédiction, c’est dire du bien de la personne à qui s’adresse cette parole. Bénir un chapelet ou une voiture, c'est dire du bien de l’objet ou de l’instrument qui est béni afin qu’il puisse concourir au bien des personnes qui en useront. Depuis toujours, les bénédictions sont proposées dans ce sens-là. La bénédiction d’une personne ne prétend pas approuver ou légitimer quoi que ce soit dans les actes ou les attitudes de celle-ci. De la même manière, se servir d’un chapelet pour étrangler sa belle-mère, et le faire bénir ensuite ne lave en rien la responsabilité du crime odieux commis avec cet objet. Un aumônier qui bénit un détenu condamné pour meurtre ne dit pas, ni au criminel ni aux témoins éventuels, qu’on va estimer désormais ses actes acceptables et sans gravité. Avant de bénir des enfants, je ne demande pas de retirer du groupe les enfants qui n’ont pas été sages ou ceux qui ne vont pas au catéchisme ! Si je bénis un couple de concubins, cela ne signifie pas qu’on reconnait comme légitime leur manière de vivre hors du mariage. Par contre, cette bénédiction pourra devenir, peut-être, le canal de grâce et le déclic qui les aidera à cheminer et à se préparer au mariage ! A la fin de chaque messe, on ne demande pas à certains de sortir de l’église avant la bénédiction qui s’adresse à tous les paroissiens présents, et qui s’étend parfois même à d’autres, absents…
Pour la société actuelle, il est évident que le péché est largement accepté, excusé, et même légalisé. Dans de nombreux cas, le pécheur, lorsqu’il est débusqué (le mari adultère, le patron qui fraude le fisc, l’ouvrier qui bâcle son travail, la femme prostituée, le fan de pornographie…) deviennent des gens à condamner sans appel ! On les montre du doigt et on les jette en pâture à l’opinion publique. L’attitude de Jésus est exactement à contre-courant de la pensée ambiante et du fonctionnement de notre société : le péché doit être dénoncé, combattu, rejeté ! Aucune compromission avec le Mal, même s’il est répandu. Mais le pécheur, fut-il dans une situation « irrégulière » ou scandaleuse, est digne d’être aimé et accueilli par Dieu et par l’Eglise, même si la société, le monde, ou même sa famille le rejette ou le condamne ! Les personnes homosexuelles, divorcées-remariées, les concubins, les criminels ou les personnes les plus détestées de la société sont tous des enfants de Dieu.
D’ailleurs, comme le rappelle le document, les gestes de bénédiction dans la Bible sont loin d’être réservés à des gens impeccables et sans reproche : Jacob va même jusqu’à voler la bénédiction de son frère aîné ! Personne n’est exclu de la grâce de Dieu sinon celui qui s’en détourne ! C'est souvent parce qu'on n'en est pas digne, qu’on ne s’en croit pas digne, que Dieu vient poser son regard sur nous ! Dois-je interdire à Dieu de s’intéresser aux pécheurs ?
Le pape François, en approuvant cette note doctrinale, veut nous rappeler que l’amour divin précède toujours la conversion du pécheur et sa sanctification. Que celui qui est sans péché condamne le pape pour hérésie et sème trouble et division dans le peuple de Dieu en se plaçant au-dessus de l’autorité pontificale, qui annonce l’Evangile de la Miséricorde. Ce serait bien présomptueux... Mais sans doute qu’aujourd’hui, beaucoup de croyants se considèrent bien meilleurs que les remariés, les homos ou les prostituées. Jésus nous a pourtant dit qu’il est venu d’abord pour eux…