Le Président Macron, dans son discours inaugurant la présidence française de l’Union au parlement européen le 19 janvier dernier, a annoncé vouloir inscrire l’avortement dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Parallèlement, le 9 octobre 2021, 40 ans après l’abolition de la peine de mort, Emmanuel Macron se réjouissait, devant Robert Badinter, que depuis 2002, l’Europe est « un continent sans peine de mort » et citant Jean Jaurès, jugeant la peine de mort contraire à « l’esprit du christianisme et celui de la Révolution.» Dénonçant les 483 exécutions capitales en 2020, le chef de l’Etat semble paradoxalement magnifier et porter aux nues un combat européen contre la peine de mort, contre l’exécution des coupables de crimes, et en même temps veut inscrire dans le marbre de l’Europe, l’exécution implacable des innocents, (plus de 200 000 en France chaque année !) réfutant le droit à la vie des enfants à naître, qui n’ont commis que le crime de ne pas être désirés.
Je sais combien le débat autour du Droit à l’avortement, qui coïncide historiquement avec le combat contre la peine de mort, est délicat et sensible car il touche d’abord à des détresses humaines, mais aussi à un parti-pris idéologique très puissant. Les « valeurs » européennes sont-elles à ce point avariées qu’on puisse mener une bataille idéologique pour éviter la mort du coupable d’un côté et donner la mort à l’innocent, sans grande alternative de l’autre ?
Peine de mort et avortement sont les deux facettes d’un même combat : choisir la vie, toujours la vie, ne peut être un engagement équivoque qui conduirait à choisir qui a le droit de vivre et qui doit mourir. Lutter contre la peine capitale et défendre l’avortement relève d’une schizophrénie sournoise qui est étrangère aux valeurs fondatrices et aux intuitions européennes.