Y aurait-il une différence de dignité entre les êtres humains selon qu'ils sont en bonne santé, productifs, capables de s’exprimer ou bien les autres : les souffrants, incapables de s’exprimer ou personnes handicapées ?
Dieu a voulu naître parmi les hommes. A Noël, cet enfant adorable et fragile, désarmé et impuissant, qui dort paisiblement malgré le froid et la précarité de sa naissance annonce déjà le mystère pascal : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu ! » (Evangile de Jean, chapitre 1)
Tout enfant qui vient au monde vient déjà chez lui, sur terre. Malheureusement, beaucoup de ces enfants sont rejetés, avant ou après leur naissance. Il est dérangeant, cet enfant non désiré, handicapé… Et bientôt, adviendra le désir d’enfant génétiquement modifié, sans la douleur de l’accouchement : l’enfant parfait, on louera un ventre pour se le payer ! L’avenir de l'humanité est en danger. Cet enfant-Dieu annoncé dans les Ecritures, attendu par tout un peuple, désiré par une mère humble servante du Seigneur, accueilli en priorité par les pauvres et les étrangers, sera un signe de contradiction et provoquera dès après sa naissance l’ignominie d’un massacre d’Innocents.
Cet enfant nu et sans défense ne ressemble-t-il pas à cet homme, nu et sans défense, qui se laissera crucifier sur un gibet de malfaiteur ! La croix est son trône comme la paille était son manteau… On refuse la viesi elle n’est pas attendue ou désirée. Mais on refuse aussi la mort parce qu’elle est insupportable car tellement réelle et inéluctable. En Jésus, Dieu n’a pas connu la vieillesse mais il a connu la souffrance ! On veut supprimer la souffrance ignoble en tuant la vie plutôt que de lutter contre la souffrance. Parce que la Vie n’est pas aimée, parce que l’Amour qui va jusqu’au bout, même dans la souffrance, n’a plus de sens. Parce que l’Amour n’est pas aimé et que la Sécurité sociale est en déficit ! Parce que des hommes croient posséder la vérité sur Dieu, sur le Bien et sur le Mal. Ils se prennent pour des dieux avant d’être des Hommes !
Ainsi va notre monde qui marche sur la tête ! Les paysans sont oubliés, le système de libre-échange va gagner : l’argent est tout-puissant. Les gouvernants sont prêts à tout pour satisfaire leur égo. Les politiques démagogues sont adulées. Le bon sens est effacé. La violence semble être la seule voie : violence sur l’enfant à naître. Violence à imposer à la main sensée soigner qui deviendra une main homicide…
La vérité doit être arrangée, le péché doit être magnifié et le pécheur doit être crucifié ! Bref, la crèche et la croix sont à brûler ! Et ce n’est pas anodin si l’IVG doit devenir un droit universel pour remplacer la crèche de Bethléem et si l’euthanasie, une mort « douce et indolore » vient prendre la place de nos croix jugées contraires à la République laïque. Et on s’étonne qu’un jeune de 14 ans puisse tuer au hasard une surveillante de son collège, à cause « d’une perte de repères quant à la valeur de la vie humaine » selon les mots du procureur qui l’a entendu. Une vie reste une vie : toute vie humaine doit avoir la même dignité !
Hier comme aujourd’hui, Dieu meurt d’amour pour des hommes orgueilleux qui refusent obstinément de l’aimer ! On refuse les croix, on les cache on les profane ; on les solde aux vide-greniers. On refuse les crèches parce qu’il est vraiment scandaleux de rappeler une naissance qui a changé l’Histoire des hommes. On refuse l’amour désarmé, les signes du Ciel qui nous rappellent que l’Amour ne vient pas de nous et qu’il nous dépasse ! Et Dieu continue de faire signe : signe d’humilité sur la paille, signe de contradiction sur la croix, signe d’humanité en Jésus, son Fils bien-aimé qui manifeste la dignité de toute vie humaine. Et nous, et moi, et toi, nous sommes encore et encore invités à toujours croire que quelque chose de merveilleux va arriver, sur la terre et dans les cieux, en dépit de tout !