Il y a peu de temps encore, dans les affres libertaires de l’après mai 68, la société ne dénonçait guère les comportements ou les actes pédophiles. Certains personnages publics s’en vantaient même et les assumaient. L’attitude qui consiste à brûler aujourd’hui ce que l’on encensait jadis est courante dans bien des domaines.
Aujourd’hui, 40 ans après, lorsque un prêtre est soupçonné ou reconnu coupable d’actes pédophiles, non seulement la société est légitimement scandalisée et exige des sanctions exemplaires : comment un homme qui choisit de s’engager dans une vocation au service des pauvres et des petits peut-il commettre de tels actes ! Parce qu’il s’agit d’un prêtre, on attend de lui une irréprochabilité exemplaire. L’Eglise elle aussi est touchée, et ces crimes odieux contre l’enfant innocent ne peuvent pas demeurer impunis. Ces scandales manifestent clairement à l’Institution ecclésiale que les pécheurs sont présents aux premiers rangs, parmi les fidèles et les pasteurs. Les affaires cachées, les prêtres mutés sans être dénoncés ont été une réalité. Depuis l’an 2000, fort heureusement, les choses évoluent. Personne, surtout pas le prêtre, dans la communauté de l’Eglise, ne peut se prévaloir d’une supériorité morale qui ferait de lui un saint avant l’heure.
La pédophilie a touché et touche sans doute les prêtres de manière plus fréquente que dans d’autres catégories sociales. C’est aussi vrai dans le monde de l’éducation ou dans des métiers de relation avec les enfants … Un pédophile attiré par les enfants, sera inconsciemment davantage porté à choisir une voie qui le mettra en contact avec des enfants.
Une attitude humble doit nous animer surtout face aux victimes, mais aussi doit s’imposer à nous le besoin et l’exigence de vérité : que ceux qui engagent l’Eglise à cause de leur mission, de leur fonction soient considérés comme hautement responsables de leurs actes. Chacun doit être lucide et attentif envers ceux qui sont engagés à ses côtés. Les prêtres, comme tous les hommes ont à apprendre à vivre la chasteté dans l’engagement de leur célibat. (le célibat qui n’est pas la cause des dérives pédophiles comme on l’entend parfois !) Bien plus, le sens même de leur sacerdoce est piétiné par ce qui atteint et blesse le petit, le fragile, l’innocent.
Enfin, face aux comportements déviants, aux abus et aux crimes sexuels de tous ordres, il faudra aussi un jour prochain se demander si la prolifération de sites et de publications pornographiques, tout particulièrement sur Internet, avec la libéralisation des mœurs qui coïncide avec l’après mai 68 où il était « interdit d’interdire », n’a rien à voir avec les comportements individuels qui conduisent, aux viols, aux abus sexuels dans le cadre familial, et dans une moindre mesure, à entretenir des fantasmes déviants qui permettent à des pédophiles ou à des détraqués sexuels de passer à l’acte. Personne jamais ou si rarement, ne questionne l’influence et l’effet de la pornographie sur les comportements individuels. Tout ou presque est permis sur internet, même si c’est un crime réprimé par la loi républicaine…
Les violeurs, les pédophiles, et autres délinquants sexuels sont des criminels qui doivent répondre de leurs actes devant la justice. Ils sont et restent malgré tout des êtres humains, des pauvres, des frères blessés dans leur vie affective. Rien, pas même leurs actes odieux et détestables, ne peut faire oublier leur dignité. En étant victime de pervers sexuels, un enfant, un jeune ou même un adulte garde une blessure en lui tout le restant de sa vie. Les victimes doivent avoir toute notre attention prioritaire et notre compassion afin qu’ils ne se sentent jamais responsables de leur situation.