La crucifixion et la résurrection que nous célébrons chaque année à Pâques ne sont pas événements du passé. Elles constituent notre actualité. Aujourd’hui, le Christ est crucifié quand ce qu’il propose, la prédication de l’amour, de la justice et l’annonce de la miséricorde de Dieu sont bafouées et refusées. Aujourd’hui, le Christ est ressuscité quand ce qu’il incarne, la confiance en soi, le refus de la résignation, la foi en l’avenir, l’emporte sur ce qui nous anéantit et nous désespère, sur tout ce qui sème la mort.
Etre chrétien, c’est croire que Dieu est, et non qu’il a été. L’annonce de l’Evangile doit nous faire entendre que Dieu parle, et non qu’il a parlé jadis. La nostalgie de belles histoires pieuses, de rites d’antan ou de pratiques religieuses tombées dans une routine, sont contraires à la foi. Aller à l’église comme on va au musée, ou chez un antiquaire, c’est profondément contraire au message de Pâques. Le Dieu du passé et de l’histoire est un dieu mort. C’est peut-être là que réside le plus important des enseignements du Christ : rien du passé ne peut emprisonner notre foi en l’avenir : quelle espérance ! Seul compte le Dieu d’aujourd’hui, dans son élan créateur qui ne cesse de nous éveiller et de nous relever.
Le christianisme n’est pas une religion du passé. Il est un prophétisme ardent qui nous ressuscite aujourd’hui, et qui combat tout ce qui nous crucifie aujourd’hui. Avec Jésus ressuscité, l’aventure de Dieu devient la nôtre aujourd’hui et c’est ainsi qu’il nous sauve. Non pas en nous projetant dans une vie sans fin, mais en donnant sans cesse à chacune de nos journées un souffle d’éternité. Nous sommes sauvés, non parce que nous agissons pour Dieu, mais parce que Dieu nous fait confiance et nous rend capables d’aimer, et que nous le laissons faire. Voilà pourquoi Jésus ressuscité ne nous invite pas à croire que Dieu existe, mais à croire que, pour Dieu, nous existons.