Il y a quelques dizaines d’années, la famille semblait condamnée à mort par une société où la vie communautaire prenait de l’importance, et où la cellule familiale était marginalisée. Depuis peu, on assiste à un retour en force de la famille. La famille, au top des valeurs mises en avant par les jeunes, et même les moins jeunes. Comme si le cocon familial devenait un refuge contre une société difficile, dans laquelle les agressions sont fortes, les peurs sont nombreuses, et où la vie professionnelle devient une jungle. Face à un monde barbare, se réfugier dans le foyer, dans notre villa clôturée, comme dans un nid, est une tentation forte.
La vie de la famille en 2011 a-t-elle la vocation à absorber les chocs et les difficultés de la vie quotidienne ? Trop demander à ses proches, idéaliser les relations familiales, sans affronter les difficultés, conduit la famille à vaciller de l’intérieur.
N’oublions pas la réalité : les fragilités nombreuses ont déjà ébranlé une stabilité humaine et affective au sein de nombreuses familles : 2,3 millions d’enfants vivent en situation de famille monoparentale. L’insécurité économique et financière conduit de nombreux foyers à se séparer.
La famille existe pour elle-même. Le couple doit exister en face des enfants et non pour eux, si importants soient-ils ! Beaucoup d’adultes, fragilisés dans une vie affective et conjugale, affaiblis par un monde rude, se retrouvent dans la relation aux enfants. Ceux-ci deviennent alors les garants affectifs de l’épanouissement de leurs parents. Le rôle du chef de famille est alors comme « sous-traité » aux enfants. Nous voyons alors les conséquences de ce paradoxe : les difficultés du monde éducatif, les problèmes de délinquance juvénile, le nombre élevé de suicides, ne sont que la partie visible d’une cellule familiale en mutation profonde.
Inventer la famille du XXI° siècle : tel est l’enjeu immense qui revient à la communauté humaine, qui revient à chacun de nous. L’Eglise, en proposant cette année 2011, comme année de la famille, prend sa part de responsabilité, en mettant en lumière des enjeux fondamentaux pour notre société. Soigner la famille, et investir dans une politique familiale ambitieuse, c’est préparer l’avenir du monde !