Notons tout d’abord que lorsque Cyprien de Carthage lança la formule, au début du troisième siècle, il ne s’agissait pas d’une condamnation doctrinale prononcée à l’encontre des non-chrétiens, mais d’une exhortation adressée à des groupes chrétiens tentés de se couper de la grande Eglise. Mais il est vrai qu’ensuite on en vint à la conviction que seuls les baptisés pouvaient échapper à l’enfer. C’est même ce qui provoqua l’incroyable générosité missionnaire des siècles passés, lorsque le monde chrétien découvrit avec stupeur que des millions d’hommes n’avaient jamais entendu parler du Christ.
Le Concile Vatican II amena les Catholiques à changer de regard sur les croyants des autres religions et sur les autres religions elles-mêmes. Quant à l’Eglise, le pape Jean-Paul II dit d’elle qu’elle "est la voie ordinaire du salut" et "qu’elle seule possède la plénitude des moyens du salut" (encyclique "La mission du Christ Rédempteur", no. 55)... ce qui laisse entendre que, pour ceux qui n’en font pas partie, il existe des voies extraordinaires de salut et que, à défaut d’en avoir la plénitude, les autres traditions religieuses offrent peut-être quelques moyens de salut !
L’Eglise est porteuse du Christ, du salut en Christ, mais c’est toujours le Christ - et non l’Eglise - qui sauve.