Depuis quelques semaines, on parle de la libéralisation du rite tridentin. A la suite de la création par Rome de l’Institut du Bon Pasteur, on assiste à une polémique et à des réactions autant dans les communautés chrétiennes que de la part des évêques et de prêtres inquiets des conséquences que pourraient avoir l’introduction d’un bi-ritualisme dans l’Eglise en occident. (Du reste, on appelle l’Eglise catholique en occident l’Eglise latine !)
Personnellement je ne connais pas le latin excepté les grandes prières traditionnelles que l’on proclame : credo ; pater ; ave… Je n’ai cependant pas d’a priori contre le latin qui peut être une manière de célébrer dans des circonstances particulières : rassemblements internationaux ou messes solennelles. Je serai bien embêté s’il me fallait régulièrement célébrer et présider des messes en latin, même dans le rite conciliaire de Paul VI !
Ce qui est pour moi plus fondamental dans cette polémique, c’est la question de l’accueil ou de la remise en cause des orientations du concile Vatican II. L'arrogance de l’abbé Laguérie devant les caméras et les médias après avoir obtenu la reconnaissance de l’Institut du Bon Pasteur à Bordeaux m’interpelle. L'aplomb avec lequel il n’a pas hésité à proposer des noms de prêtres pour être des évêques « tridentins » m’a heurté. Les intégristes lefebvristes ont toujours remis en cause le dialogue œcuménique et la liberté de conscience, intuitions incontournables de Vatican II pour l’annonce de l’Evangile dans ce monde pluriel. Je ne suis pas sûr qu’ils soient prêts à reconnaître et à accepter ces orientations. Le latin est un prétexte fallacieux : dans de nombreux diocèses, l’indult de Jean-Paul II est appliqué pour permettre à des catholiques de pouvoir vivre et célébrer la messe en latin.
Sous prétexte de favoriser une unité avec les schismatiques de Mgr Lefebvre, je partage les inquiétudes de nombreux évêques et catholiques qui ont peur d’une scission plus grande encore des communautés chrétiennes. « Tout ce qui est fermé fermente ». C’est l’impression que me donnent, sans rancœur ni dédain, les positions rigides des intégristes. L’ouverture de Vatican II au monde, même si elle a eu des effets pervers et a initié des excès qui ont scandalisé, est un chemin irréversible. Le message du dernier concile a encore bien besoin d’être approfondi et enseigné. Quand Vatican II aura été compris et assimilé, l’Eglise découvrira ce que l’Esprit lui dit pour annoncer l’Evangile dans ce monde du XXI° siècle.
P.S. du 27 nov. 2006 au sujet des propos de l'abbé Laguérie : Dans un souci de vérité, merci de lire les commentaires de Dave au sujet de cet article.