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 Le presbytère virtuel d'un prêtre

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Site d'un prêtre catholique engagé au cœur du monde... Voici mon presbytère virtuel, sans porte ni sonnette. Entrez, et venez voir ! Vous voulez voir à quoi ça ressemble un cyber curé ? Venez donc faire un tour chez moi ! La vie c'est trop important pour ne pas la réussir ! .... . . C'est aussi mon objectif ... Pas vous ?


« Qui avait intérêt à salir la réputation du Pape ? »

Publié par Mgr Hippolyte SIMON sur 2 Février 2009, 23:01pm

Catégories : #Textes de réflexion

Un texte un peu long mais qui mérite d'être lu avec attention, surtout si on ne voit pas très clair dans l'affaire de " la levée des excommunications 4 évêques lefebvristes de la fraternité St Pie X"
 

« Qui avait intérêt à salir la réputation du Pape ? »


Je  ne  sais  pas si je suis en colère ou si je suis malheureux : la vérité tient  sans  doute  des  deux.  Mais  trop,  c'est  trop, alors je dis : ça  suffit !  Le déchaînement médiatique contre le Pape Benoît XVI, qui aurait réintégré  quatre  évêques  intégristes,  dont  un  négationniste avéré, ne relève  pas  de  la  critique, mais de la calomnie et de la désinformation. Car,  quoi  que  l'on pense des décisions du Pape, il faut dire, répéter et souligner  que  ces  quatre  évêques n'ont pas été réintégrés. Et donc, Mgr Williamson,   dont   les   propos  tenus  à la  télévision  suédoise  sont effectivement  intolérables,  n'est toujours pas revenu au sein de l'Eglise catholique  et  il  ne  relève  toujours  pas  de  l'autorité  du Pape. Les informations  qui parlent de réintégration reposent sur une confusion grave entre levée des  excommunications et réintégration à part entière.  J'accorde  volontiers  mon indulgence à tous les journalistes et à tous les
commentateurs   qui  ont   pu   confondre,  de  bonne  foi,  la  levée  de l'excommunication  et  la  réintégration  pure  et  simple.  Les catégories
utilisées  par  l'Eglise  peuvent  prêter à équivoque pour le grand public. Mais  la vérité oblige à dire que, selon le Droit de l'Eglise, ce n'est pas du  tout  la  même  chose.  Si  on  confond les plans on devient victime de simplifications  qui  ne  profitent  qu'à  ceux  qui  veulent  faire  de la provocation.  Et on se fait complice, involontairement, de ces derniers. De façon  habituelle,  le  grand public est en droit d'exiger d'un journaliste sportif  qu'il  sache distinguer, par exemple, entre un corner et un essai. Pourquoi  l'Eglise n'aurait-elle pas le droit d'avoir aussi son vocabulaire«  technique  »  et  pourquoi  devrait-on  tolérer des approximations aussi graves simplement sous prétexte qu'il s'agit de religion ?

 Reprenons  donc  exactement  ce qui s'est passé. Suite à l'élection du Pape Benoît XVI, en Avril 2005, les évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, fondée il  y  a  plus  de  trente ans par Mgr Lefebvre, ont demandé à reprendre le dialogue avec Rome, mais ils avaient mis deux préalables : premièrement, la libéralisation du Missel de 1962, ce qui a été fait par le motu proprio, en juillet 2007 et, deuxièmement, la levée des excommunications.
 
Que  signifie  la levée des excommunications ? Pour prendre une comparaison familière, je dirai ceci : quand Mgr Lefebvre est sorti, c'est-à-dire quand il  a  désobéi  en  ordonnant  quatre évêques malgré l'avis formel du Pape, c'est comme s'il y avait eu, automatiquement, une barrière qui était tombée et  un  feu  qui  s'était  mis  au  rouge pour dire qu'il était sorti. Cela voulait  dire  que si, un jour, il voulait rentrer, il faudrait qu'il fasse d'abord   amende   honorable.   Mgr   Lefebvre   est   mort.   Paix  à  son âme !  Aujourd'hui,  ses  successeurs, vingt ans après, disent au Pape : «Nous sommes prêts à reprendre le dialogue, mais il faut un geste symbolique
de  votre part. Levez la barrière et mettez le feu au clignotant orange ! » Le Pape, pour mettre toutes les chances du côté du dialogue, a donc levé la barrière et a mis le feu au clignotant orange. Reste à savoir maintenant si ceux  qui  demandent  à  rentrer  vont le faire. Est-ce qu'ils vont rentrer tous ?  Quand ? Dans quelles conditions ? On ne sait pas. Comme le dit le cardinal Giovanni Battista Re [préfet de la Congrégation des évêques], dans son  décret  officiel  :  «  il  s'agit  de  stabiliser  les  conditions du dialogue  ».  Peut-être que le Pape, dans un délai que nous ne connaissons pas,  leur  donnera  un statut canonique. Mais pour l'instant, ce n'est pas fait.  Le  préalable  au dialogue est levé, mais le dialogue n'a pas encore commencé.  Nous  ne  pouvons donc pas juger les résultats du dialogue avant
qu'il n'ait eu lieu.
 
Là-dessus,  la  veille  du jour où devait être publié le décret du Cardinal RE,  voici  qu'une  télévision  suédoise  publie  ou  republie  les  propos clairement  négationnistes  de  l'un  des  quatre  évêques  concernés,  Mgr Williamson. Le Pape, quand il a donné son feu vert à la signature du décret par  le Cardinal pouvait-il connaître les discours de Mgr Williamson ? Très honnêtement,  je  crois  pouvoir  dire  que non. Et c'est en un sens plutôt rassurant  :  c'est  le signe que le Vatican n'a vraiment pas les moyens de faire  surveiller  tous  les évêques et toutes les chaînes de télévision du monde  ! C'est donc ici qu'il ne faut pas se tromper d'interprétation : que signifie  cette  coïncidence entre la signature d'un décret, prévue pour le 21  Janvier,  et  donc connue de Mgr Williamson, et la diffusion des propos  télévisés du même personnage ?
 

Que  chacun se demande : à qui profite le crime ? A qui profite le scandale provoqué  par  des  propos  d'une  telle  obscénité ? La réponse me semble limpide  :  à celui ou à ceux qui voulaient torpiller le processus inauguré par  la signature  du  décret  !  Or,  pour  peu que l'on suive un peu ces questions  et  les  différentes  interventions  de  Mgr  Williamson  depuis quelques  années,  il  est  clair  que  lui  ne  veut  à aucun  prix de la réconciliation  avec  Rome  !  Cet évêque, dont je répète, qu'il n'a encore aujourd'hui aucun lien de subordination canonique vis-à-vis de Rome, a tout simplement  utilisé la méthode des terroristes : il fait exploser une bombe (intellectuelle)  en  espérant  que  tout le processus de réconciliation va dérailler.  Il  fait  comme  tous les ultras de tous les temps : il préfère laisser  un  champ  de  ruines plutôt que de se réconcilier avec ceux qu'il considère comme des ennemis.
 

Alors  je  le  dis  avec  tristesse  à tous  ceux  qui  ont relayé, - avec gourmandise   ou   avec  douleur-,  l'amalgame  entre  Benoît  XVI  et  Mgr Williamson  :  vous  avez  fait  le  jeu,  inconsciemment, d'un provocateur cynique  !  Et,  en  prime,  si  j'ose dire, vous lui avez offert un second objectif  qui  ne  pouvait  que le ravir : salir de la pire des manières la réputation du Pape. Un pape dont il se méfie plus que de tout autre, car il voit  bien que ce Pape ruine absolument tout l'argumentaire échafaudé jadis par  Mgr  Lefebvre.  Je ne peux pas développer ici ce point. Je ne fais que renvoyer  à  un  article que j'avais publié dans les colonnes du journal Le Monde,  l'an dernier, au moment de la publication du Motu Proprio : « Quand je  lis,  un peu partout, que le Pape accorde tout aux intégristes et qu'il n'exige  rien  en  contrepartie,  je ne suis pas d'accord : il leur accorde tout sur la forme des rites, mais il ruine totalement leur argumentaire sur le  fond.  Tout  l'argumentaire  de Mgr Lefebvre reposait sur une prétendue différence substantielle entre le rite dit de Saint Pie V et le rite dit de Paul  VI.  Or,  réaffirme Benoît XVI, il n'y a pas de sens à parler de deux rites.  On  pouvait,  à la rigueur, légitimer une résistance au Concile si l'on  pensait,  en  conscience, qu'il existait une différence substantielle entre  deux  rites.  Peut-on  légitimer  cette résistance, et a fortiori un schisme, à partir d'une différence de formes ? »2
 
Pour  un  fondamentaliste,  et  qui plus est, pour un négationniste forcené comme  Mgr  Williamson,  Benoît XVI est infiniment plus redoutable que tous ceux  qui  font  l'apologie  de  la  « rupture » introduite par le Concile Vatican II. Car s'il y a rupture, alors il est conforté dans son opposition à  la  « nouveauté ». Mais celui qui démontre paisiblement que le Missel de Paul  VI,  la  liberté religieuse et l'œcuménisme font partie intégrante de l'authentique    Tradition    Catholique,   celui-là   lui   enlève   toute justification.
 

J'ai  bien  conscience  qu'il  faudrait  développer  mon argumentation. Que chacun  veuille  bien  me  pardonner de renvoyer aux sites internet où tout ceci  est  visible.  Mais  je  souhaite  surtout que chacun veuille bien se méfier  des  provocations trop bien montées. Quant à ceux qui s'obstinent à répéter  que  Joseph  Ratzinger  a  servi  dans les Jeunesses hitlériennes, qu'ils  veuillent bien relire le témoignage qu'il a donné à Caen, le 6 Juin
2004,  pour  le  soixantième  anniversaire du Débarquement en Normandie, et qu'ils  se demandent ensuite ce qu'ils auraient fait à sa place... Quand on hurle un peu trop fort avec les loups d'aujourd'hui, on ne fait pas bien la preuve que l'on eût été capable de se démarquer des loups de l'époque...
 
Reste un point qui est second mais cependant très grave : il faudra tout de même  s'interroger  sur  la  communication des instances romaines lorsqu'il s'agit  de  sujets  aussi  sensibles. Après la polémique de Ratisbonne (qui mériterait  elle aussi d'être démontée attentivement..), j'espère - mais je me réserve d'en parler plutôt en interne - que les responsables de la Curie vont  procéder à un sérieux débriefing sur les ratés de leur communication. Pour  le  dire  d'un  mot, voici comment j'ai vécu les choses : Mercredi 21 janvier,   les  milieux  intégristes  italiens,  qui  croyaient  triompher,«  organisent  une  fuite  »  dans  «  Il  Giornale  ». Aussitôt le tam-tam médiatique,   se   met   en  route.  Mais  nous,  membres  des  conférences épiscopales,  nous  ne  savons absolument rien ! Et pendant trois jours les nouvelles  - erronées, qui parlent à longueur de journée de réintégration - prolifèrent  dans  tous  les  sens  comme  un feu de brousse. Tout y passe. Arrive  alors  la  « bombe  » de Mgr Williamson... Et c'est seulement samedi matin,  -  trois  jours  trop  tard !  -,  que nous recevons le communiqué officiel du Cardinal RE. Comment voulez-vous que nous puissions remettre le débat sur des bases correctes ? Le Cardinal Ricard s'y est employé, de très bonne  façon,  mais  le  feu était parti, et plus personne ne pouvait alors entendre une parole raisonnable.  

Maintenant  que  la  poussière  commence  à retomber, essayons de reprendre calmement  nos  esprits.  Comme  disait  ma grand-mère : d'un mal Dieu peut  faire  sortir  du  bien. Le mal c'est que le Pape Benoît XVI a une nouvelle fois  été  traîné  dans la boue par une majorité de grands médias, excepté, Dieu  merci,  La  Croix  et  quelques  autres.  Beaucoup de catholiques, et beaucoup  de  gens  de  bonne  volonté,  sont  dans l'incompréhension et la souffrance.  Mais  le  bien,  c'est  que  les  masques  sont tombés ! Si le dialogue continue malgré tout avec les évêques de la Fraternité Saint Pie X - sous réserve, bien sûr, qu'ils passent la barrière maintenant levée -, le discernement pourra se faire, car tout le monde sait un peu mieux ce qu'ils pensent les uns et les autres.
 
Pour  conclure,  j'ai  envie  de  m'adresser  aux  fidèles  catholiques qui peuvent,  non sans raison, avoir le sentiment d'être un peu trahis, pour ne  pas dire méprisés, en cette affaire : méditez la parabole du Fils prodigue, et prolongez-la. Si le Fils aîné, qui avait d'abord refusé d'entrer dans la fête,  dit  qu'il veut rentrer, allez-vous le refuser ??? Ayez suffisamment confiance en vous-mêmes et en l'Esprit qui conduit l'Eglise, et qui a aussi guidé  le  Concile  de  Vatican II, pour penser que la seule présence de ce fils  aîné  ne  suffira pas à étouffer la fête. Donnez à ce dernier venu un  peu  de  temps  pour  s'habituer  à la lumière de l'Assemblée où vous vous tenez...
 

      + Hippolyte SIMON,

      Archevêque de Clermont,
 vice-président de la Conférence des évêques de 
France

Le 29 janvier 2009

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