Les médias ne manquent pas périodiquement de souligner la crise du recrutement des prêtres et de remettre sitôt en question le célibat sacerdotal qui est de règle dans l’Eglise catholique latine (en occident essentiellement). On voudriat exiger de l'Eglise qu'elle autorise "les prêtres à se marier" ou bien à 'ordonner des hommes mariés". mais qu'en pensent les premiers concernés, en l'occurence : MOI !
Le célibat est exigeant, et c’est bien ce qui pose le plus question dans la vie du prêtre puisque on ne peut évoquer la situation des prêtres sans remettre ce célibat en cause. C’est d’ailleurs ce qui interpelle le plus les jeunes que je rencontre aujourd’hui. Actuellement, il reste le signe le plus visible de la spécificité du prêtre dans notre société : « Cet homme a choisi de ne pas se marier ! » Ce n'est pas subi, c'est choisi, même si les conséquences sont difficiles à assumer comme dans tout engagement. La libération des mœurs laisse croire aux nouvelles générations qu’il est impossible de vivre sans avoir de relations sexuelles. C’est pourquoi les média doutent du célibat des prêtres qui affirment vivre la continence. On imagine facilement que tous les prêtres ont des maîtresses.
A mon avis, largement partagé, la question du célibat ne remet nullement en cause la foi. Les églises catholiques de rites orientaux (Liban ; Irak ; Roumanie…) ordonnent prêtres des hommes mariés. A mes yeux, je crois devoir souligner la valeur du célibat consacré et sa signification profonde ; je ne crois pas que le célibat relève uniquement d’une discipline ecclésiastique séculaire qui serait dépassée, mais d’un attachement profond au Christ-Jésus. Le célibat est bien un don total de ma personne à Dieu. Quand le prêtre que je suis donne sa vie, son temps, son cœur, son affectivité, son intelligence, il offre dans son célibat son propre corps pour la vie des femmes et des hommes qu’il a mission de conduire vers le Père. Et Dieu ne peut se donner qu’à travers le don que le prêtre fait de lui-même. C'est une lecture spirituelle, telle que je la ressens. Bien sûr, un prêtre marié vivra les choses différemment sans qu'elles soient mieux ou moins bien ...
On évoque parfois les raisons matérielles (rémunération insuffisante ; emploi du temps surchargé ; manque de disponibilité …) qui empêcheraient le prêtre d’être un époux dévoué et un père attentif à la vie de sa famille. Ces arguments, s’ils sont, à mon avis, pertinents, ne peuvent suffire à justifier pour une vie entière un célibat consacré à Dieu.
Ma vie du prêtre trouve son sens dans ce qui est en moi donné au Seigneur et à mes frères pour manifester la présence du Christ, vrai homme et vrai Dieu. Toute mon existence voudrait bie imparfaitement refléter celle de Jésus, homme au milieu des hommes, célibataire pour annoncer l’Amour incarné du Père qui peut combler toute vie humaine, jusque dans son intimité. C’est ça la vraie grandeur du célibat et la force du don que le prêtre fait.
Le prêtre reste un homme faible et pêcheur : Je reste ce pauvre de Dieu... Je peux parfois manquer à ma parole, à mes engagements et à ma consécration comme un mari peut être infidèle à son épouse dans le sacrement du mariage. Tout est une question de fidélité à la parole, et au sens donnée à cette consécration.
Aujourd’hui, il me semble que les crises touchent aussi bien de l'engagement, dans le mariage comme dans le célibat consacré, comme d’ailleurs dans des engagements associatifs, syndicaux ou politiques. Ce n'est pas la question du célibat qui pose problème pour les vocations : c'est d'abord une crise de la foi. Peu de croyants, peu de gens portés à s'engager !
Je veux aussi l’affirmer : cette vie est possible ! Elle n’est pas subie, elle est avant tout choisie. J’essaie moi-même humblement d’être un prêtre entièrement consacré au Seigneur pour le service de l'Église, et je suis heureux dans mon célibat ! Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais je sais que je peux et que je dois d’abord compter sur la puissance de Dieu, « son Esprit qui vient au secours de notre faiblesse. » (De la lettre de St Paul aux Romains, chapitre 8, verset 26)