7 ans qu'il nous a quitté !
22 janvier 2007… Discrètement, sans faire de bruit, le plus populaire de tous les prêtres de France s’en est allé. L’hommage de tous les anonymes interviewé dans la rue, celui des personnalités politiques et bien plus précieux, celui de tous ceux qui dorment dans la rue est unanime. Tous, nous nous sentons orphelins.
Cet homme de cœur, passionné d’humanité, a déclaré la guerre à la misère et à l’indifférence. Nous entendons à la télé en boucle le cri de 1954, les coups de gueule de cet apôtre des mal logés, les cris du cœur qui ont secoué les consciences humaines depuis plus de 50 ans. On a tout de même noté que l’homme qui a été élu pendant des années personnalité « chouchou » des français a tout de même fait face à une grave dépression en 1957. Des combats comme le sien sont parfois usants : Mgr Gaillot interviewé aujourd’hui, qui l’avait rencontré récemment lui aussi : « J’ai rencontré un homme usé, et j’ai acquis la certitude que c’était notre dernière rencontre.. » Faut-il être un surhomme pour accomplir pareille œuvre d’humanité ?
Parallèlement, on a également fait mémoire la semaine dernière des « Justes parmi les nations » qui ont aidé et secouru des juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. En général, les vrais héros ne font pas la Une des média. Ils oeuvrent discrètement, et pour l’Abbé Pierre, c’est un concours de circonstance qui l’a propulsé à la Une de l’actualité. Mais quand nous rendons hommage à l'Abbé Pierre, n'oublions jamais autour de nous ceux qui font le bien sans faire de bruit, et détournons-nous de ceux qui font du bruit sans faire un vrai bien !
Depuis ce matin, dans tous les hommages rendus à l’homme au grand cœur, je n’ai guère entendu de référence à la foi chrétienne qui a toujours guidé et suscité les engagements de l’abbé Pierre. On a bien mentionné qu’il était prêtre, religieux capucin, mais comme un détail secondaire de sa vie. Pourtant, je suis personnellement convaincu que les forces nécessaires pour mener des combats humains qui semblent perdus d’avance ne peuvent se faire que dans la lumière et l’action de Dieu qui suscite toute énergie pour le salut et le respect de la dignité de toute personne humaine.
La foi en l’homme est le fondement et le soubassement nécessaire pour avoir foi en Dieu. Parmi les Justes, il n’y avait sans doute pas que des croyants, mais tous ont agi au fond de leur conscience parce qu’ils croyaient en le dignité de tout Homme, fut-il juif et « hors la loi ». Croire en l’homme est un des fondements de ma foi chrétienne sinon, je suis loin du Dieu de Jésus-Christ.
L’abbé Pierre est un de ces prophètes de notre temps, un « juste parmi les nations » qui nous a rappelé sans le dire, que Dieu n’est jamais l’ennemi de l’Homme. Et que le préféré de Dieu, c’est toujours le plus faible et le plus petit, le pauvre et l’exclu.
Xavier Cormary, prêtre