Communier sur la langue ou dans la main ? Il me semble que le geste peut être fait avec une même dignité dans un cas comme dans l'autre ! Il suffit de donner du sens et avoir un profond respect pour le Corps du Christ, que l'on reçoive la sainte Communion dans la bouche ou au creux de nos mains !
L’eucharistie : la symphonie fantastique des mains
Quel prêtre n’a pas été fasciné par toutes ces mains recevant le Corps du Christ ! Les unes, grandes ouvertes et bien plates, les autres superposées en signe de croix ! D’autres encore, arrondies et creuses, accueillantes comme un nid…
D’autres enfin, légères et discrètes, semblant adresser une caresse à Dieu ! Toute la vie est là, en train de défiler. Je devine celles qui ont ramassé des noix ou taillé la vigne, celles qui chaque jour manient l’outil, marquées par la sueur et l’effort, ou meurtries par la machine… Celles qui demeurent lisses et protégées, vierges de cicatrices. Celles qui trahissent un état fébrile ou déficient.
Pouvoir magique des mains, litanie suppliante de nos mains ! Le travail, la santé, les tourments sont gravés en elles inéluctablement : fatigue, labours, lessives et vaisselles ! Rugueuses ou soignées, maladroites ou habiles, nerveuses ou d’un calme contagieux, pâles ou hérissées de veines, bonnes ou prêtes à frapper : telles sont nos mains dont les lignes principales dessinent un secret, une destinée, un métier, un caractère ou une âme ! Ces mains d’hommes et de femmes ont serré d’autres mains : elles ont connu le bonheur de la table familiale, elles se sont posées parfois sur des têtes d’enfants pour reprendre souffle et regarder l’avenir en face ! Toutes se tendron, au dernier soir, vers une autre main à l’heure où il faut se quitter : « Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit ! »
Symphonie fantastique des mains, symphonie inachevée.
Un chant de communion vous dira l’essentiel de toute eucharistie : « Les mains de Dieu ont accueilli nos pauvres riens et fait fleurir les dons si simples de nos mains ! » Pour nous, ces mains offertes en forme de berceau sont un appel à reconnaître, à retrouver le visage de notre nativité, l’innocence baptismale ou la splendeur des commencements.
Il est beau ce mot d’un poète anglais, Coventry Patmore qui écrit : « Qu’est-ce que Dieu ? Celui qui tient l’Homme dans sa main ! Qu’est-ce que l’Homme ? Celui qui tient Dieu dans sa main ! »
Voulez-vous refaire le geste auguste du mendiant au nom de celui qui n’a jamais renvoyé les pauvres les mains vides, mais les aima, le cœur sur la main ?
Nous pourrons alors reprendre le cri d’espérance du psalmiste :
« Mon Dieu, éternel est ton amour, ne cesse pas l’œuvre des mains ! » (Psaume 138)
(Je ne trouve pas normal qu’on tire la langue pour communier. Qu’on ne me dise pas qu’une langue qui ment et calomnie est plus digne qu’une main calleuse)
Abbé Jean-Louis Bourniquel - Diocèse d’Albi
"Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes"