Prêtre donné à Jésus pour toi #giventojesusforyou #donneajesuspourtoi
Ce jeudi-saint 2019 marque pour moi un tournant dans ma vie et mon sacerdoce. Le jeudi qui précède la fête de Pâques est, traditionnellement, la fête du sacerdoce, puisque c'est le jour où le Christ a institué l'eucharistie, et que les prêtres reçoivent la mission de "faire ceci en mémoire de lui".
Depuis 14 ans, dans ce blog, je n'ai jamais voulu exposer ce qui relève de ma vie intime et personnelle. Le témoignage que je donne ici et que j'ai souhaité enregistrer en vidéo ( avec mes pauvres moyens et ma petite caméra :) ) est aujourd'hui une exposition intime de ce que j'essaye de vivre. J'insiste sur le fait qu'il n'y a rien d'exemplaire dans ma vie. Si je souhaite partager cela publiquement, c'est parce que j'aime le Christ, j'aime l'Église et je suis choqué et anéanti de constater que des prêtres ont sali leur sacerdoce en commettant des actes odieux. Je ne fais pas partie de ceux-là. Je n'ai pas de double vie.
Mon célibat, il a du sens pour moi. Et je souhaite qu'il ait du sens pour ceux qui aiment les prêtres, qui gardent confiance en eux, malgré tant de d'occasions de douter et de remettre en cause l'idée ou la réalité du ministère sacerdotal.
J’ai 46 ans. Je suis prêtre dans le Tarn. Cette année, je vais célébrer le 20ème anniversaire de mon ordination. Je suis entré au séminaire le jour de mes 19 ans, après une année de vie étudiante à Perpignan. Le choix du célibat a été un choix fait de manière évidente, dès le début de ma formation et j’ai pris cet engagement important et solennel au jour de mon ordination, 8 ans après. Ce choix naturel, je l’ai fait dans l’enthousiasme de ma jeunesse : il devait devenir peu à peu, surnaturel pour que j’apprenne à enraciner ce choix dans la confiance et la fidélité de Dieu !
Le contexte de suspicion dans lequel un certain nombre de scandales qui incrimine des prêtres, infidèles à leurs engagements, et auteurs de faits ignobles, mais aussi les révélations sur les frasques de certains prélats à Rome, ou la découverte de certains prêtres menant une double vie me conduisent aujourd’hui à témoigner humblement, mais avec la vérité qui est celle que je dois à Dieu, de ce qu’est ma vie, mon célibat, mon sacerdoce. Je veux aujourd’hui l’exprimer dans ces lignes.
Je ne sais pas comment un prêtre ou un évêque peut décemment célébrer les sacrements, en ayant sur la conscience des péchés aussi graves que ceux que nous découvrons dans les scandales révélés ces derniers mois. Une schizophrénie spirituelle honteuse et déshonorante qui me révolte et m’afflige, tellement elle jette le discrédit sur la fidélité de tant et tant de consacrés, fidèles à leurs engagements.
Dire que je suis puceau n’est pas une honte : c’est même une fierté même si ce mot qui parle de virginité est devenu tellement vulgaire. Je n’ai jamais eu de relations sexuelles ni avec une femme, ni avec un homme, ni avec un enfant, bien entendu. Je précise les choses.
A travers mon sacerdoce, j’ai la joie d’offrir chaque jour ma vie au Seigneur et à mes frères en leur donnant mon temps, mon cœur de prêtre et mon corps. Quand Jésus offre son Corps, donne sa vie dans chaque eucharistie que je célèbre, j’essaye aussi de me donner tout entier, uni à Lui. De nos jours, tant de personnes donnent leur corps, sans rien d’autre à offrir à leur partenaire qu’un instant de plaisir éphémère…
Evidemment, si je disais que je suis indemne de tout péché dans le domaine de la pureté et de la chasteté, je mentirais : ce serait bien faux ! Je suis un grand pécheur. Mon humanité et mes fragilités sont réelles et même bien profondes. Bien des souillures et des fantasmes font ma honte. Je ne peux que les offrir au Seigneur à chaque confession, en lui demandant de me renouveler sa miséricorde et de me garder, jour après jour, fidèle aux promesses de mon ordination.
Aujourd’hui, je suis heureux d’être prêtre, et fier du célibat qui m’ouvre à une vie relationnelle différente : mon cœur ouvert à chacun qui ne se referme pas sur tel ou telle de manière exclusive. Mon célibat, c’est le cadeau que je fais à Dieu pour servir humblement la communauté, les hommes et les femmes du Ségala vers lesquels mon évêque m’envoie.
Je souhaite, de tout mon cœur, de tout mon corps, être digne de la mission que le Seigneur me confie, comptant sur la force de son Esprit, capable de faire de moi le Serviteur dont le monde et l’Eglise ont besoin.
Xavier Cormary, PPP (pauvre prêtre pécheur)
English text
The sexuality of your priest
I am 46 years old. I am a priest in the Tarn. This year, I will celebrate the 20th anniversary of my ordination. I entered the seminary on the day of my 19th birthday, after a year of student life in Perpignan. The choice of celibacy was an obvious choice from the beginning of my formation and I made this important and solemn commitment on the day of my ordination, 8 years later. This natural choice, I did in the enthusiasm of my youth: it was to become little by little, supernatural for me to learn to root this choice in the trust and fidelity of God!
Faced with a context of suspicion in which a number of scandals incriminate priests, unfaithful to their commitments, and authors of ignoble facts, but also the revelations about the escapades of some prelates in Rome, or the discovery of some priests leading a double life, I want today to testify humbly. In front of God, in the truth and in conscience, I want to share to you what is my life, my celibacy, my priesthood. I want to express it in these lines.
I do not know how a priest or a bishop can decently celebrate the sacraments, having on his conscience sins as serious as those we discover in the scandals revealed in recent months. A shameful and dishonorable spiritual schizophrenia that revolts and afflicts me, so much it discredits the fidelity of so many consecrated people, faithful to their commitments.
To say that I am a "puceau" is not a shame: it is even a pride even if this word that speaks of virginity has become so vulgar. I have never had sex with a woman, or a man, or a child, of course. I specify things.
Through my priesthood, I have the joy of offering my life every day to the Lord and to my brothers by giving them my time, my priestly heart and my body. When Jesus offers his Body, gives his life in every Eucharist that I celebrate, I also try to give myself whole, united to Him. Nowadays, so many people donate their bodies, with nothing else to offer their sexual partner but a moment of ephemeral pleasure ...
Of course, if I said that I am unscathed from all sin in the realm of purity and chastity, I would lie: it would be wrong! I am a great sinner. My humanity and my fragilities are real and even profound. Many defilements and fantasies are my shame. I can only offer them to the Lord at each confession, asking him to renew his mercy and to keep me, day after day, faithful to the promises of my ordination.
Today, I am happy to be a priest, and proud of celibacy that opens me to a different relational life: my heart open to everyone who does not close on this or that exclusively. My celibacy is the gift I give to God to humbly serve the community, the men and women of Ségala to whom my bishop sends me.
I wish, with all my heart, with all my body, to be worthy of the mission that the Lord entrusts to me, counting on the strength of his Spirit, capable of making me the Servant that the world and the Church need.
Xavier Cormary, PSP (poor sinner priest)