Il faut bien avouer que les témoins de la lumière ne font guère recette aujourd’hui. Les vedettes du petit ou du grand écran, aux carrières parfois éphémères, donnent lieu à des scènes hystériques de fans qui espèrent un autographe ou un selfie avec leur idole favorite. Les lumières s’allument ou s’éteignent sur ces stars au grès des actualités.
Les saints, eux, ne sont pas souvent des plus populaires. Ils meurent parfois dans l’anonymat, tragiquement, ou sans laisser d’empreinte médiatique flagrante. Et pour cause : la lumière qu’ils portent en eux ne leur appartient pas : ils ne sont que des porte- parole : le message de leur vie : c’est l’Evangile en paroles et en actes. Quand on voit un chrétien qui a essayé de ressembler à Jésus, et qui y est arrivé d’une certaine façon, dans un certain domaine, nous pouvons contempler la beauté de la foi.
Donner son temps, donner sa vie, être accueillant aux pauvres, aux petits, être serviteur de Dieu, serviteur de l’Homme, de tout Homme, de tout l’Homme… Etre un Evangile vivant qui dit l’amour de Dieu, qui montre sa Miséricorde aux pécheurs : voilà la sainteté qui donne envie ! Ce n’est pas dans la facilité, ce n’est guère sous l’objectif des caméras que cette sainteté là se déploie. Mais quand on réfléchit un peu : on se découvre davantage attiré parmi les assassins par un Jacques Fesch plutôt qu’un Jacques Mesrine, parmi les dirigeants : par un Saint Louis, roi de France plutôt que par Staline… par l’abbé Pierre plus que par David Rockfeller. Parmi les femmes célèbres : attiré davantage par Ste Elisabeth de Hongrie que par Catherine Médicis, par Mère Térésa bien plus que par Danielle Darrieux…
La sainteté, c’est notre vocation, notre désir, notre appel. La sainteté, c’est Dieu qui passe dans la vie des hommes. Cette sainteté attire, elle fascine, mais elle fait peur aussi. Comme si Dieu allait nous voler notre bonheur si on accepte de le lui confier… La sainteté consiste seulement à se laisser toucher par Dieu.
On posa un jour à un enfant qui venait de visiter la cathédrale de Chartres et qui avait été impressionné par les vitraux et leurs personnages : « Qu’est-ce que c’est un saint ? » Il répondit avec une finesse et un sens spirituel non égalé : « Un saint : c’est une personne qui laisse passer la lumière ! »