Je suis heureux… Heureux d’être prêtre et d’être accueilli comme un prêtre dans beaucoup de familles de notre communauté. Profondément heureux d’être sollicité pour écouter, pour accompagner, pour bénir et pour donner le pardon. Heureux de célébrer le Seigneur et d’être, le moins mal possible, témoin de l’amour de Dieu auprès des jeunes et des familles, auprès des malades, dans les équipes et les services. Heureux d’être reconnu pour la mission à laquelle j’essaye humblement de consacrer ma vie. Heureux de croiser des jeunes qui ont eux-mêmes rencontré le Christ ressuscité. Heureux de soutenir et de donner hors des frontières visibles de l’Eglise le temps qu’il faut à ceux qui cherchent un frère, un père, un témoin. Heureux de célébrer l’Eucharistie au milieu du peuple que le Seigneur me confie pour lui annoncer la Bonne Nouvelle.
Je suis heureux d’être entouré par des chrétiens, hommes et femmes, jeunes, qui se sentent de plus en plus responsables de la mission de l’Eglise : vivre et annoncer l’Evangile dans le monde que Dieu aime. Heureux de voir des gens qui ne se laissent pas abrutir par la morosité religieuse ambiante mais savent témoigner avec courage que c’est le Christ qui les rend heureux.
Mais je suis triste et malheureux de ne pas être assez sollicité par tant de jeunes désœuvrés, par des malades isolés, par des chrétiens en quête de pardon qui demeurent dans la culpabilité ou la déprime. Malheureux de visiter des familles qui n’ont même plus une croix aux murs de leur maison. Malheureux de célébrer parfois des baptêmes et des mariages par tradition, par conformisme : c’est si beau et si grand ce que Dieu donne ! Je suis révolté de constater que l’on communie à la messe par habitude, : « Seigneur, je ne suis pas digne… » Un cœur aimant et bien préparé peut devenir une crèche où Jésus se plaira à demeurer. Malheureux de rencontrer des familles en deuil qui n’ont pas d’espérance pour eux mêmes et pour leurs défunts.
Le prêtre est le dépositaire d’un trésor inestimable. La vie du Christ offerte à tous, les prêtres sont-ils capables de la porter et de la donner à tous ceux vers qui ils sont envoyés ? Dans l’indifférence souvent bienveillante, mais cruelle que je rencontre, je sais que Dieu vient prendre naissance : l’Amour qui sauve et libère est déjà là, à portée de cœur ! Si nous avons du mal à le reconnaître, que Dieu nous prenne en pitié et réveille nos cœurs engourdis ! Veillons !