Le 28 juillet 2005 : en s’adressant aux prêtres d’un diocèse d’Italie, sur les catholiques
divorcés et remariés, le pape Benoît XVI a dit que leur "situation est particulièrement douloureuse pour l’Eglise. Parfois ces personnes se sont mariées par tradition sans être de véritables
croyants puis, après un second mariage invalide, découvrent la Foi et se sentent donc exclus de l’Eucharistie".
J’ose ici quelques lignes sur ce sujet si sensible de la place des divorcés remariés dans l’Eglise. Tout d’abord, il s’agit de prendre
conscience que beaucoup de croyants choisissent la rupture à contre cœur, en ayant bien conscience de rompre un lien sacramentel indissoluble. C’est déjà une réalité qui est source d’une grande
souffrance : leur désir de fidélité au Christ et à la Parole donnée devant Dieu est ébréché, abîmé et le regard culpabilisant qui les entoure souvent ajoute à leur propre souffrance.
Ensuite, devant l’impossibilité concrète de vivre le célibat, et étant profondément faits pour vivre en couple, ils établissent des liens avec une autre personne. Leur amour ne serait-il pas
sincère ? Leur démarche serait-elle seulement humaine ? Dans la foi, les croyants espèrent que dans cette relation d’amour nouvelle, ils vont trouver le bonheur qu’ils cherchent et qui
a été si profondément blessé par l’échec de leur mariage. Et que Dieu n’est pas étranger à leur soif de bonheur. Beaucoup de divorcés qui se
remarient sont conscients de leur situation « anormale ». Ils la vivent d’ailleurs souvent difficilement, parce qu’ils se sentent jugés et en marge de l’Eglise où chacun est appelé à la
sainteté : comme si leur situation irréversible les empêchait de continuer de marcher sur ce chemin difficile ! Par ailleurs et c’est vrai, l’Eglise demande aux personnes divorcées
remariées de s’abstenir de communier au Corps du Christ. Cette exigence, souvent incomprise et remise en cause, qui accentue le sentiment
d’exclusion, doit être accueillie et comprise dans la foi profonde en l’Eucharistie et dans son lien avec l’Eglise. Tant de chrétiens communient avec
désinvolture ! Communier, c’est désirer le Christ. Communier, c’est vouloir que Jésus vienne remplir notre cœur de son amour. Communier, c’est s’engager sur le chemin de la
fidélité à l’Evangile. Communier c’est vivre en Eglise pour devenir ce que nous avons reçu par notre témoignage. Quand nous recevons le Corps du Christ, nous disons notre désir que notre vie
soit de plus en plus conforme à l’Evangile. La personne divorcée remariée vit alors une contradiction insurmontable. L’abstinence de communion
eucharistique est donc demandée afin de ne pas être en contradiction avec le signe qui est donné dans le Pain rompu. Est-ce pour autant que la personne est « excommuniée » ? Elle
est exclue du signe eucharistique, c’est clair ! Mais toute communion ne peut pas et ne doit pas se limiter à un geste extérieur ; communier au
Christ peut et doit se vivre de diverses manières. Dans l’assemblée dominicale, les petits enfants qui n’ont pas encore communié et qui s’avancent les bras en croix nous disent un désir profond
de recevoir Jésus. Leur démarche n’aurait-elle aucune valeur ? Parfois des adultes, tels ces jeunes enfants, s’avancent aussi bras en croix : certains peut-être divorcés remariés,
d’autres mal préparés à communier, d’autres catéchumènes, en marche vers la foi. Les personnes divorcées remariées ont une mission d’une importance inouïe
dans la communauté chrétienne : par leur abstinence et leur fidélité douloureuse à ce que l’Eglise propose, ils sont appelés à montrer à tous les baptisés la grandeur et l’importance de l’Eucharistie afin que chacun redonne à ce geste si grand et si beau toute sa valeur et sa solennité pour que le geste extérieur puisse
manifester en vérité une communion profonde au Christ à l’intérieur !
Xavier Cormary, prêtre