La dématérialisation consiste, en de nombreux domaines, à éliminer des supports papier, des éléments concrets, dans un but écologique ou de rentabilité pour gagner en efficacité. Les factures dématérialisées ne sont désormais plus envoyées que par courrier électronique. La musique dématérialisée n’est plus vendue sur cassettes ou CD mais par fichiers téléchargeables. La carte bancaire permet de ne plus emporter de chèques ou d’espèces. Un autre domaine peut aussi toucher notre foi. Face à la mort, l’incinération peut engendrer le risque de « dématérialiser » la mort si un lieu de mémoire n’est pas respecté pour le dépôt d’une urne funéraire.
Les croyants, s’ils savent que leur défunt sont appelés à une autre vie, ont toujours manifesté respect et mémoire envers leurs défunts … Le développement de l’incinération, si elle ne pose pas en soi de problème à l’Eglise, risque pourtant de nous faire oublier que le christianisme est la religion de l’incarnation. Des paroles, des gestes, des lieux, des rites sont nécessaires à notre foi. Aller déposer une lumière ou des fleurs sur la tombe d’un proche, nous permet de manifester concrètement notre souvenir. Faire le signe de la croix, se mettre à genoux, se recueillir dans un lieu précis qui nous touche : voilà des gestes nécessaires, même s’ils ne suffisent pas. Ils peuvent traduire notre foi, mais ne suffisent pas pour la vivre. La foi se nourrit de cela mais se déploie dans la vie intérieure, en cohérence avec les actes posés. Si Dieu s’est fait homme en Jésus, c’est bien pour nous apprendre à chercher Dieu dans la réalité de notre existence, mais sans jamais croire que nous pourrons le saisir et l’enfermer dans nos rites. Les pieds bien sur terre, c’est important, et le cœur tourné vers le ciel : et si c’était cela la sainteté ?!