En l’an 304, un jeune chrétien de 14 ans, du nom de Pancrace, était décapité sur la voie Aurélia à Rome. L’empereur Dioclétien, de triste mémoire, ( à côté de lui Néron était un enfant de chœur !) l’avait condamné à mourir quelques heures auparavant. Quel était le crime de Pancrace ? Il avait refusé d’obéir à la loi qui ordonnait à tout citoyen de l’empire romain de sacrifier aux idoles et de reconnaître l’empereur comme un dieu. Or, Pancrace était disciple de Jésus Christ. Il savait qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Jésus Christ. Il aurait pu faire semblant d’adorer les divinités païennes tout en gardant sa foi au Christ. Faire semblant pour sauver sa vie ; c’est d’ailleurs ce que son entourage lui conseillait de faire. Après tout, qu’est ce que verser un peu d’encens devant une statue de marbre représentant l’empereur si on peut sauver sa vie ? Oui mais voilà. Une loi plus forte que la loi de l’Etat s’imposait à notre jeune chrétien : la loi de Dieu inscrite dans le cœur des hommes.
Au démon qui lui proposait tout les royaumes de la terre s’il s’agenouillait devant lui, Jésus répondit : « c’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras et c’est lui seul que tu serviras ». Pancrace aimait le Seigneur, plus que sa propre vie et il n’a pas eu peur de défier le pouvoir impérial parce qu’il savait que ce en quoi il croyait, était juste. Il a obéi à sa conscience habitée par l’Esprit Saint plutôt que d’obéir à une loi inhumaine.
C’est parce qu’ils étaient remplis de l’Esprit Saint que les apôtres purent proclamer à toutes les nations, l’Evangile de Jésus Christ. Avant la pentecôte, les apôtres avaient peur. Ils étaient repliés sur eux-mêmes. Ils savaient qu’ils risquaient leur vie en annonçant le nom de Jésus Christ. Après la Pentecôte et le don de l’Esprit, du souffle de Dieu, plus de peur mais la joie et la force. Et grâce à cela, la bonne nouvelle de l’Evangile va se répandre à travers le monde et à travers le temps. O beaucoup essaieront de les faire taire, de détruire les disciples de ce Jésus. A travers les siècles, combien de persécuteurs ont voulu effacer toutes traces de la foi chrétienne, y compris en promulguant des lois ordonnant la destruction des églises, l’arrestation des prêtres, et même l’anéantissement des chrétiens ? Et ce n’est pas qu’au début de l’histoire chrétienne que cela s’est produit. Au XX° siècle il y a eu plus de chrétiens martyrisés à travers le monde que durant ces deux premiers millénaires de l’ère chrétienne. De nos jours encore, dans certains pays du monde, être chrétien constitue un délit, un crime puni par la loi.
Et pourtant, aujourd’hui encore,des hommes, des femmes et des enfants continuent de rayonner leur foi en Jésus, malgré les épreuves et les persécutions.
Où sont-ils les persécuteurs d’hier ? Où est-il Dioclétien et son empire ? Où sont-ils tous ces régimes, ces idéologies qui ont voulu effacer Dieu du cœur des hommes et le remplacer par des théories élaborées dans le seul but de détruire la foi chrétienne? Ils ne sont plus là. Leurs royaumes se sont effondrés, leurs idéologies sont mortes avec eux.Qu’ils fassent bien attention ceux qui aujourd’hui veulent libérer les hommes des déterminismes religieux, comme ils disent, en imposant une nouvelle façon de penser et de voir les choses, et surtout une nouvelle façon de penser l’être humain en contrecarrant les principes même de la nature. On a pu entendre récemment dans notre propre pays,de la bouche d’un haut personnage de l’Etat que la voix était ouverte pour l’avènement d’une nouvelle civilisation ou les hommes allaient être libérés des déterminismes de la religion pour trouver enfin la liberté, celle de pouvoir faire ce qu’ils veulent et d’être ce qu’ils veulent. Comme si c’était la religion qui imposait par exemple d’être un homme ou une femme ! Et malheur à ceux qui ne voudront pas entrer dans ce processus, malheurs à ceux qui ne voudront pas sacrifier à cette nouvelle divinité qu’on appelle la pensée unique imposée à tous, même par la loi. J’invite ces dames et ces messieurs créateurs d’un ordre nouveau à se rendre à Rome, dans le forum. Ils pourront admirer un tas de belles ruines ; c’est tout ce qu’ils restent de ceux qui, avant eux, ont voulu effacer toute trace de Dieu. Ils ont voulu détruire l’Eglise et sa foi.Pourtant l’Eglise est toujours là alors qu’eux n’y sont plus. Pour quoi ?Est ce par ce qu’elle est puissante ? Quel est son pouvoir ?« Le pape, combien de divisions ? » disait Staline. Son seul pouvoir c’est d’être habitée par le souffle de l’Esprit Saint qui pousse des hommes, des femmes et des enfants à témoigner d’un message universel, un message qui vient de Dieu et qui est inscrit dans le cœur et la conscience de chaque homme, même s’il le renie, même s’il le refuse délibérément, un message qui redit qui nous sommes, pour quoi nous existons, où nous allons et surtout que nous sommes aimés.
C’est pour ce message, pour cette conception de l’homme que Pancrace, les apôtres, les martyres, les témoins d’hier et d’aujourd’hui, se battent et se battront, au risque même de la persécution. On ne peut falsifier la vérité, même en imposant des lois. Or le Christ est le chemin, la vérité et la vie. Alors n’ayons pas peurs d’accueillir cette vérité qui nous rend libre,n’ayons pas peur de prendre un autre chemin que celui que l’on veut nous imposer. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons vraiment être heureux, ce n’est qu’ainsi que nous pourrons trouver la vraie vie.
Stéphane Ayouaz, curé de Montréjeau