La lecture liturgique
Liturgie: Leiton= peuple
Ergon= Travail, faire, action
Action pour et par le peuple de Dieu
1/ La liturgie de la Parole
A- Le livre:
Beaucoup de groupes d’hommes vivent en référence à un livre: la Torah; Talmud; Védas; Confucius; Coran...
Nous, chrétiens, nous sommes “le peuple de la Bible”.
Pour Dieu, Parole= faire: “Et le Verbe s’est fait chair”
En sommes-nous assez convaincus ? Nous avions un peu négligé l’Écriture Sainte. Aujourd’hui, elle reprend sa place au coeur de la vie chrétienne.
L’Office des Heures (à base de psaumes et lectures liturgiques) est célébré par les prêtres, les religieux et religieuses. De
plus en plus de laïcs le font désormais. Sans aller jusque là, les lecteurs liturgiques doivent s’imprégner de l’Écriture. Lecture et partage en commun sont toujours profitables pour quelqu’un
qui s’intéresse à l’insondable richesse que constitue la Bible.
B- Le lecteur:
En général, il n’est pas un lecteur “institué” mais son rôle peut néanmoins être cerné en méditant deux moments de la cérémonie
d’institution d’un lecteur par l’évêque:
Prière de l’évêque: “Qu’il se nourrisse de Ta Parole, qu’il se laisse former par elle et l’annonce
fidèlement à ses frères”.
Remise du lectionnaire: “Recevez le livre de la Sainte Écriture et transmettez fidèlement la Parole
de Dieu; qu’elle s’enracine et fructifie dans le cœur des hommes.”
C- L’assemblée:
La lecture liturgique est: - Une parole proclamée
- Devant une assemblée qui écoute.
C’est donc un ensemble uni dans une même action. Si chacun lit des yeux sur son missel (ou “Prions en Église”), comme pour vérifier ce qui est lu, il
n’y a plus d’assemblée. Cela devient des individualités juxtaposées.
La relation lecteur-assemblée se manifeste surtout par:
- L’échange des regards: l’assemblée regarde le lecteur pour bien s’imprégner de la Parole. Le lecteur, avant de commencer,
regarde l’assemblée pour la concentrer. Il la regarde aussi avant le dialogue final.
- Dialogue après une lecture: très important et souvent négligé, le lecteur confirme que ce qu’il vient de lire est bien Parole
de Dieu: “Parole du Seigneur”. L’assemblée le confirme aussi: “Nous rendons grâce à Dieu”.
De même, après la lecture de l’Évangile, le prêtre: “Acclamons la Parole de Dieu”, l’assemblée: “Louange à Toi, Seigneur Jésus.”
Ces dialogues doivent être faits avec beaucoup de respect, sans les coller
immédiatement après le dernier mot du texte, mais en prenant soin de fixer l’assemblée avant de terminer avec ce dialogue.
D- Déroulement de la liturgie
de la Parole:
On trouve dans le missel des indications pour chaque dimanche. Mais il est bon d’avoir une vue d’ensemble du lectionnaire. La
liturgie du dimanche comporte quatre lectures:
- L’Évangile qui donne sens à toute la liturgie du jour. les grandes fêtes ont
toujours le même Évangile. Ceux de l’Avent et du Carême varient suivant l’année mais sont, chaque fois, des montées vers Noël ou Pâques, avec une intention de catéchèse. Les deux premiers
dimanches de Carême et à partir du troisième dimanche ordinaire, les trois synoptiques sont lus en continue:
- Année A: Saint Matthieu
- Année B: Saint Marc, complété par Saint Jean
- Année C: Saint Luc
- La première lecture: Des passages de l’Ancien Testament ont été choisis pour
illustrer et annoncer l’Évangile du jour. Lors de la préparation, il est intéressant de confronter ces deux textes pour percevoir la continuité de la Révélation. Cela aidera à mieux se situer
dans la liturgie du jour et à trouver le ton juste à employer.
- Le psaume: Réponse priante à la lecture de l’Ancien Testament, il a été choisi en
relation avec l’Évangile du jour. Il est préférable de le chanter, chaque fois que l’on peut. Lorsque il est lu, il est préférable de trouver un autre lecteur pour mieux montrer la différence de
ton. A défaut, le lecteur aura soin de faire ressortir cette différence. Pour cela, il faut noter que:
- La poésie hébraïque est basé sur un rythme binaire ou ternaire. Chaque idée est répétée plusieurs fois avec des mots différents. Ce rythme doit imprégner la lecture.
- Les psaumes sont aussi des prières, celles même avec lesquelles le Christ et La Vierge Marie ont prié, comme les juifs pieux de leur temps.
- Le lecture correcte du psaume est la plus délicate des trois lectures réservées aux laïcs.
- L’Epître: Pendant les trois années, on en lit les chapitres les plus important, en
suivant généralement l’ordre des chapitres. A cause de cette lecture continue, il ne peut pas y avoir de rapport entre l’épître et l’Évangile du jour.
Pour cette lecture, l’expression orale sera particulièrement soignée, car on donne alors le témoignage même des apôtres.
E- Ce que dit le concile
Vatican II:
Le Concile a remis en valeur la Parole de Dieu:
- La constitution Dei Verbum demande le respect de tous pour l’Écriture sainte. Elle souligne son importance en théologie et recommande sa lecture à tous les fidèles, en
particulier aux prêtres, diacres et catéchistes.
- La constitution Sacrosanctum Concilium en fait une partie essentielle de toutes les célébrations, de tous les sacrements. On retiendra au n° 24 la promotion du goût pour
l’Écriture Sainte, au n° 28, la nécessité que chacun, lecteur ou autre, remplisse sa fonction propre du mieux possible. Le n° 35 préconise une lecture plus abondante de l’Écriture.
2/ Conseils pratiques pour les lecteurs
liturgiques ( et autres
lecteurs)
Lire la Parole de Dieu est un service pendant la célébration. Nous pouvons améloirer la qualité de ce service par l’acquisition
de quelques techniques d’expression orale.
A- Lecture préalable
:
On lit toujours mieux un texte bien préparé à l’avance. Il arrive cependant que le lecteur ne soit désigné que peu de temps
avant la célébration. Une préparation est toujours bienvenue; c’est une petite étude sur:
- Le sens du message à faire passer :
= Qui parle ? Moïse, Élie, St Paul...
= De quoi s’agit-il ? Une prière, une prophétie, une doctrine...
= Le genre ? Un récit, un cantique, un psaume, l’Apocalypse...
Cela peut modifier le rythme et la façon de lire.
- Les mots-clés :
Il faudra les mettre en valeur. Ces mots peuvent dépendre de l’interprétation personnelle de chaque lecteur.
- Les difficultés de lecture :
Mots à prononciation ardue; liaisons à faire ou a éviter (si on hésite, mieux vaut ne pas la faire); passages entre parenthèses
ou guillemets; pauses à prévoir...
B- Timidité et trac
:
Il s’agit d’un phénomène normal qui arrive à tous, quel que soit l’âge, malgré l’expérience. C’est une réaction habituelle d’un
être humain devant une assemblée:
- modérée si la situation est normale ou habituelle.
- extrême si la situation est exceptionnelle.
Comment les surmonter ?
Quatre conseils très simples:
1/ Avaler sa salive deux ou trois fois, cela rétablit l’équilibre de pression externe-interne. (On peut le faire en se rendant au
pupitre).
2/ Respirer profondément, cela bloque les réflexes incontrolés; on se gonfle, on prend du volume, de l’assurance. La réserve d’air
portera ensuite la parole. On se place mieux.
3/ Regarder l’assemblée, bien calmement, à droite, puis à gauche, au centre... On voit alors des fidèles comme ils sont: des
personnes comme nous qui attendent un service, qui nous en sont reconnaissants à l’avance.
4/ Prendre la parole souvent, on s’habitue peu à peu.
C- Déplacements et position du
lecteur:
Il est indispensable d’attendre que la rupture soit faite avec ce qui précède. Se lever à sa place (ne pas partir à moitié
courbé!) puis se diriger vers le pupitre ni trop vite (la fusée!) ni trop lentement (l’escargot!). penser à ce que l’on va faire. Penser aux conseils précedents.
Laisser l’assemblée s’asseoir et le bruit se dissiper.
Il est important d’assurer son équilibre: talons un peu écartés, pieds ouverts (“à dix heures dix”).
Se tenir bien droit, sans raideur, buste redressé. Les bras ne doivent pas être ballants, si croisés, les mains sont posées sur
le pupitre.
Penser à regarder l’assemblée avant de commencer et parler vers les deux-tiers de l’assemblée.
Lever la tête en arrangeant le micro: montrer son visage et non son crâne.
D- Utilisation du
micro:
Il est évident que le lecteur doit être compris par l’ensemble des personnes: il faut donc penser à régler le micro à la
portée de sa bouche, quitte à faire grincer le support: une lecture qui ne serait comprise que par le premier banc est ratée.
Utiliser un micro est un long apprentissage. Avec l’expérience, on pourra trouver le moyen de l’utiliser pour créer des nuances
dans la lecture: intimité ( distance de 2 à 10 cm) avec faible intensité de voix; récit (15 à 20 cm) lecture courante et recommandée, suivant le type de micros; proclamation (30 à 50 cm) pour les
parties qui demandent une certaine solennité.
E- La voix:
Chaque lecteur doit se rendre compte de son volume sonore et de la portée de sa voix, de sa capacité de projection.
Il faut de toute façon prendre la mesure du local (pièce; chapelle; cathédrale...).
Nous disposons de deux étages d’amplification:
- la cavité buccale (ah!)
- les fosses nasales plus résonnantes (hein!)
Il est important de ne pas parler du bout des lèvres, du nez ou de l’arrière-gorge.
L’intonation d’une lecture est également très importante: le “recto-tono” est facile mais monotone. L’intonation
modulée est plus moderne mais plus difficile à mettre en oeuvre. Faire très attention à la chute vocale des fins de phrases.
F- Articulation:
Ouvrir la bouche (mais sans exagération!)
Pas de bouillie verbale inintelligible. Il est nécessaire de détacher chaque mot et de ne pas escamoter les fins de phrases ( ce qui est très très fréquent!)
Les consonnes sont l’armature du texte: bien leur donner leur valeur: percutantes, roulées, chuintantes... Marquer les consonnes
doublées et veiller aux liaisons.
Les voyelles donnent la couleur, la force du texte. Bien les articuler: attention aux accents aigus, graves et circonflexes, aux
trémas.
G- Vitesse de
lecture:
On lit souvent trop vite. Or, une lecture lente paraît moins longue aux auditeurs. Ils comprennent mieux et peuvent
participer en ayant une écoute active. Surtout, bien marquer les coupures, les pauses de ponctuation.
3/ Le mot de la fin
Ces quelques remarques sont simples. Il est utile de les mettre en oeuvre pour que le service de la lecture liturgique devienne
réellement un service rendu à la communauté. N’oublions pas: c’est la Parole de Dieu que nous proclamons!
Chacun pourra compléter et adapter ces indications à sa propre personnalité.
Reste que ce n’est pas parce qu’on a réfléchi au sens et à la manière de lire la Parole de Dieu que l’on devient pour autant les
« lecteurs attitrés » de la paroisse. Chaque baptisé, peut et doit annoncer la Bonne Nouvelle, même dans une assemblée liturgique !
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