Mon homélie du dimanche 26 juillet
17° Dimanche Ordinaire – année A
La devise de notre République est-elle encore véritablement la ligne de conduite de nos dirigeants ?
Un petit exemple pour illustrer mon propos :
« Bonjour ! Oh qu’il est mignon ton chien ! Il est de quelle race ? – C’est un bouledogue anglais. Je suis allé le chercher en Normandie, il m’a coûté 600 € ! »
« Bonjour Madame ! Qu’elle est mignonne votre petite fille ! Comment s’appelle-elle ? – Quand je l’ai reçue, on l’a appelée Anne ! Elle est née en Ukraine : je l’ai eue pour moins de 20 000 € ! J’ai eu une ristourne de 10 % car elle est née avec 15 jours d’avance ! »
Oui frères et sœurs, voilà le monde que nous prépare la loi Bioéthique qui est discutée cette semaine à l’assemblée nationale, avec sans doute bien peu de députés présents, déjà partis en vacances !
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La liberté est devenue libertaire : on revient à « il est interdit d’interdire ! »
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L’égalité est devenue une idéologie égalitaire : tous identiques !
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La fraternité est sélective et ressemble à s’y méprendre à un fraternicide !
La lecture du Livre des Rois mettait en scène le roi Salomon qui demande à Dieu la sagesse et le don de discernement. (1 Rois 3, 5-12) Le problème actuel de nos dirigeants, c’est leur impossibilité à admettre que le discernement est un don de Dieu :
Dans la deuxième lecture (Lettre aux Romains 8, 28-30) nous entendions : « Quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour »
Résultat : on discerne à l’assemblée nationale en fonction des lobbies, des loges, des modes et des « progrès » de la science, pour ne pas soupçonner des motivations économiques, mais d'aucune manière dans une logique de choses ou de questions qui nous dépassent !
J’ai encore en mémoire cette terrible prophétie de Mgr André Lacrampe, à l’époque évêque d’Ajaccio, qui nous disait :
« La négation de Dieu sera, tôt ou tard, dans notre société, la négation de l’Homme ! »
Imaginez si on pouvait demander à un embryon son point de vue sur la Loi bioéthique :
- Liberté ? être considéré comme du matériau de laboratoire !
- Egalité ? Congelé ou transformé en chimère animale ! Naître ou pas au bon vouloir de … on sait plus qui …
- Fraternité ? Sélective ! A la poubelle les embryons génétiquement imparfaits ou non conformes à nos attentes … Les nazis avaient déjà commencé une forme d’eugénisme sans avoir les techniques génétiques actuelles !
Mais non … L’embryon n’a pas droit de cité ! Aucune existence légale !
Un peu plus loin, dans la lettre aux Romains, (Chapitre 14, versets 17-20) St Paul dira :
« Le royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. (…) Ne va pas détruire l’œuvre de Dieu pour une question de nourriture. »
Avoir faim d’enfant peut être un désir légitime et compréhensible. Derrière des situations individuelles se cachent souvent de grandes souffrances. Mais considérer l’être humain, si petit soit-il et incapable de donner son point de vue, et construire des familles boiteuses quand on constate combien l’absence d’un père est souvent ( pas toujours !) un « handicap » pour un jeune (discutez avec des jeunes qui n’ont pas connu ou eu de père à leur côté !) on prépare une société ou l’égalitarisme d’aujourd’hui conduira à bien des inégalités et des souffrances demain.
Dans 20 ans, les promoteurs de ces lois présentées comme un « progrès social », n’auront-ils pas à répondre de « crime contre l’humanité » ? ils s’en fichent sans doute royalement ! Le problème, c’est que les décisions de cette semaine à l’assemblée nationale vont transformer de manière grave et irréversible l’anthropologie et le sens de la filiation.
Nous nous sentons bien petits et minoritaires dans ce sentiment et ce combat : on nous disqualifie sans argument sinon en arguant le "progrès" et les avancées que cela représente. Mais le simple bon sens a disparu, sacrifié sur l’autel du grand marché des biotechnologies: y'a du fric en jeu !
Que notre foi soit notre phare, résolument, pour ne jamais perdre de vue que nous défendons la vie humaine, tout être humain, tout l’être humain !