Au catéchisme, on m’apprenait à prier en me tournant vers Dieu et en lui demandant : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? ». Naturellement, tout jeune, j’ai pensé à être prêtre, ayant reçu une éducation chrétienne et fréquentant des établissements scolaires où je rencontrais des prêtres heureux.
Au lycée, la question de la vocation s’est éteinte d’elle même, je pensais davantage à un avenir professionnel, à vivre ma jeunesse avec mes copains, copines. Mais le Seigneur ne m’avait pas lâché la main, et une retraite dans une abbaye m’a été proposée par un prêtre alors que jamais je n’avais manifesté un désir vocationnel. C’était une retraite de discernement : la rencontre des différents états de vie : évêque, prêtre, diacre, religieux, célibataire, marié me montrait la diversité et la complémentarité des vocations chrétiennes : pas d’Eglise sans prêtre, pas d’Eglise sans familles…
Etudiant à Perpignan pendant un an, je découvre la vie des jeunes de mon âge, et je me sens décalé face à eux : leurs désirs apparents que j’ai perçu (s’amuser , boire, fumer, vivre des relations souvent superficielles) ne correspondent pas à ce que je ressens au fond de moi : je veux vivre autre chose, différemment, autrement !
Je rencontre des chrétiens à l’aise dans leur foi, engagés dans une Eglise qui a besoin de moi : dans ma paroisse on me confie des responsabilités. Je découvre à travers leur visage le visage du Christ vivant dans ma vie. « Tu peux faire de ta vie un je t’aime ». Je ressens aussi le manque de prêtre comme un appel. « Parce que le monde a besoin d’amour, l’Eglise a besoin de toi ! ».
Une deuxième retraite est déterminante : c’est durant celle-ci que je découvre au cours d’un partage ce que le Seigneur attend de moi. Cette expérience personnelle est très difficilement explicable : le Seigneur a fait irruption dans mon cœur, comme ça, sans préavis. Comme une tempête très calme, coup de vent de Pentecôte, une immense vague d’amour qui a déferlé sur moi et m’a inondé d’une paix surnaturelle. Jamais je n’avais vécu pareille rencontre. Et jamais depuis, je n’ai vécu une expérience similaire. Pourtant, j’ai dit « OUI », ou plutôt, il a dit oui en moi. Et ce oui a été confirmé par l’Eglise qui m’a appelé au sacerdoce voici 6 ans. Parce que c’est toujours l’Eglise qui appelle et confirme l’appel que des hommes entendent dans leur cœur.
Aujourd’hui, je vis dans une joie intarissable malgré les difficultés et les soucis pastoraux.
Chaque matin, je me lève de bonheur !
Xavier Cormary