Le dernier livre de JeanPaul II, Mémoire et identité (Flammarion, 213 pages, 17) suscite une certaine polémique : le rapprochement que le pape fait entre lextermination des juifs par les nazis et les millions davortements, « extermination légale des êtres humains conçus et non encore nés » interpelle et scandalise les partisans du « droit à lavortement ». Le pape souligne que les deux situations sont similaires dans lapproche politique puisque Hitler a été démocratiquement élu par le peuple allemand en 1933 et que les lois légalisant lavortement sont aussi luvre de parlements souverains.
Au-delà de cette polémique, un autre événement, passé inaperçu dans le flot de linformation nationale, me pousse à réagir ! Voici quelques jours, un tribunal a relaxé un chauffard, refusant de reconnaître lhomicide à propos dun enfant à naître, tué dans la collision (La Croix du 18 février 2005). Le paradoxe de la législation française est flagrant et pose la question encore éludée par le Droit du statut juridique de lenfant à naître. En effet, nestil pas incohérent, voire scandaleux, de constater quactuellement, selon les derniers jugements rendus en la matière, blesser un enfant dans le ventre de sa mère est répréhensible sil survit à la naissance, tandis que sil meurt avant dêtre né, aucune charge ne peut-être retenue contre lauteur de lacte !
On garde en mémoire laction de Mère Térésa en faveur des lépreux, des pauvres. On oublie aussi son action en faveur des enfants : Ainsi elle déclarait : « Le plus grand destructeur de paix aujourd'hui est le crime contre l'enfant qui n'est pas né. »
Ce nest pas anodin si elle a déclaré, en recevant le prix Nobel de la paix en 1979 : «On tue des milliers d'enfants à naître. Et nous ne disons rien. On lit dans les journaux le nombre de ceux-ci ou de ceux-là qui sont tués, de tout ce qui est détruit, mais personne ne parle des millions de petits êtres qui ont été conçus avec la même vie que vous et moi, avec la vie de Dieu. Et nous ne disons rien. Nous l'admettons pour nous conformer aux vues des pays qui ont légalisé l'avortement. » La législation sur lavortement ouvre une ambiguïté : ne pas reconnaître quun enfant, même dans le sein maternel, est une personne humaine, cest laisser la porte ouverte à des incohérences évidentes. LEglise, par la voix de son vieux pape, ne peut pas remettre en cause lautorité souveraine des parlements démocratiques, mais elle doit rappeler les fondements de la conscience humaine, quitte à dénoncer les crimes légaux, tels lavortement, qui remettent en question la dignité humaine.
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